A la loupe : AIG vend ses bijoux de famille asiatique

Née à Shanghai en 1919, AIA, l’assurance américaine est la plus belle réussite du secteur en Chine.

Evincée en 1949 (comme tout intérêt étranger, pour cause de révolution), elle retournait 30 ans plus tard comme JV, puis dès 1992, en pleine propriété. Elle était et reste la seule à jouir de cet exorbitant privilège, arraché par Henry Kissinger au Président Jiang Zemin—signe de la fascination historique unique qu’exercent sur l’Empire du Milieu les USA, que les Chinois dénomment 美国, « le beau pays », autant dire « le paradis » ! Accédant en 2001 à l’OMC, Pékin renforçait encore les privilèges d’AIA, au nom du « droit du grand-père » – droit d’ancienneté, vis-à-vis de la concurrence entrante…

Aussi en 2007, AIA tenait de loin le haut du pavé, ayant amassé dans l’an pour 1,29MM$ en primes «vie» entre ses huit branches régionales. AIG la maison mère était n°3 mondial (110MM$ de chiffre). Au 2d trimestre 2008, 47% de son chiffre mondial en assurance vie-retraites provenait d’Asie Pacifique (hors Japon).

Mais « sic transit gloria mundi » : ruinée par les fredaines d’une filiale anglaise, AIG, la maison mère doit survivre sous perfusion de deux prêts-relais de 85MM$ (16/09), puis 37,8MM$ de la Réserve Fédérale, en échange d’une nationalisation à 80%. Dès lors, il doit mettre au clou ses actifs asiatiques, Chine comprise—et le faire vite, car ses clients entre Shanghai, Hong Kong et Singapour, se pressent aux guichets pour récupérer leur pension. Dans l’espoir de remonter la pente, AIA promet à chacun de rouvrir son contrat sans pénalité à l’avenir…

Sont à vendre des centaines d’agences à travers Chine, Hong Kong, Singapour, Philippines, Thaïlande, 62.000 emplois. AIG a bien précisé sa volonté de ne céder que 49% du tout. Il veut détailler ces actifs par pays, afin d’éviter de se créer un rival régional d’avenir. Mais le milieu professionnel doute qu’il réussisse à imposer aux concurrents et son prix (20MM$ au total), et ce morcellement. Sans compter le mot que la tutelle CIRC (China Insurance Regulatory Commission) a également à dire… Symptomatiquement, en Chine, la revue Caijing ne voit que deux candidats possibles, tous deux locaux : l’assureur China Life, « pas intéressé », et le n°1 bancaire ICBC (Industrial & Commercial Bank of China), tièdement sur l’affaire – tous deux pensant à Ping An, et aux MM$ imprudemment perdus chez le belge Fortis (cf Le VDLC n°32)…

Reste pour Chen Rongsheng, le PDG d’AIA-Chine, le calice amer à avaler : le démantèlement du plus beau succès étranger d’assurance en Chine. Faute pour AIG d’avoir su appliquer la règle d’or de son président Maurice Greenberg, dans les années ’60 : « quoiqu’il arrive, ne pas toucher à la filiale-Asie »

 

 

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