Nucléaire : la bataille des géants
En 2006, après des années d’âpre lobbysme -intérieur et étranger-, Pékin choisissait comme standard pour ses futures centrales nucléaires de 3ème génération, le standard du type AP1000. Moyennant un transfert complet de technologie (condition que la concurrence Areva avait décliné d’accepter), Westinghouse (et Toshiba, nouveau propriétaire du groupe) retournait à un marché nucléaire dont il était exclu depuis près de 30 ans. Par contrat de juillet 2007 donc, Pékin lui octroya quatre réacteurs à construire entre Sanmen (Zhejiang) et Haiyang (Shandong). Mais il prit aussi soin d’en accorder un nombre équivalent à Areva, de sa propre filière EPR, à bâtir à Taishan (Guangdong). Pékin poursuivit aussi avec Areva l’étude de faisabilité pour la future usine de retraitement des combustibles. L’idée étant de choisir ensuite entre les deux, sur la base d’une comparaison des performances. Or, voici que le journal Caijing annonce le feu vert « prochain » à une autre série de réacteurs, sur les sites de Daban (Hubei), Taohuajiang (Hunan) et Pengze (Jiangxi), tout en évoquant la préférence de Wang Binghua, Président de la corporation nucléaire nationale SNPTC pour la technologie américaine « plus sûre, plus économique, plus adaptée aux conditions de l’intérieur du pays». Cela signifie-t-il que le choix aurait été fait sans attendre? Au moins, cela évoque un vent en poupe, que Westinghouse explique par un coût réputé moins élevé (lié à une puissance moindre, 1000MW contre1600 à l’EPR), une construction rapide (3 ans) et un système de sécurité dit de «sûreté passive», sans intervention humaine. En attendant, un duel technologique se livre entre les équipes des deux filières, à commencer par une course contre la montre sur les chantiers. Enjeu : travailler en Chine à un niveau qu’elle ne maîtrise pas encore. Car elle compte aussi bâtir 31 centrales de 2de génération d’ici 2020. Mais sur ces chantiers, l’apport étranger sera mince…
Sommaire N° 31