Redoutée par les uns, espérée par les autres, il est là pour de bon, le nouveau cycle de croissance, débarqué en bourse de New York, suite au lundi noir (15/09)!
L’agonie des cinq banques d’investissement américaines, menace des dizaines de milliards US$ d’avoirs chinois, tels les 500M$ du fonds Hua An, «garantis» par feu Lehmann Brothers. ICBC (Banque de l‘industrie et du commerce) a perdu 241MM$ en 2008 et sa place de 1ère banque mondiale. Pékin (son bras financier Huijin) soutient depuis le 17/09 en bourse, à bout de bras les banques ICBC, CCB (Banque de la construction) et BdC (la Banque de Chine)– ce qui n’empêche la BdC de reprendre à Paris, pour 236M², 20% de LCFR Rothschild.
Cette crise inspire à la Chine deux réactions opportunistes :
[1] des palabres entre sa CIC et Morgan Stanley (n°2 US, chuté de 67% en septembre, dont 17% le 17/09) pour en racheter 40%, ce qui porterait son contrôle à 49% ; et [2] l’appel du Quotidien du Peuple, qui ne représente évidemment pas que lui-même, à créer un nouveau système monétaire et financier mondial, «indépendant du US$ » et davantage marqué par le yuan !
La mutation mondiale était annoncée en Chine, lisible à travers ses derniers chiffres de conjoncture, tous en retrait. En juillet-août, la courbe de croissance de l’export fléchissait à 21,2% (-5%), l’import à 23,2% (-10%), suivant la chute du cours du baril. La production industrielle baissait à 12,8% (-2%) et le commerce intérieur stagnait à 23,2%. La croissance de l’investissement immobilier a chuté de moitié en 3 mois, à 16,5% en août.
Bilan : Oubliant ses 11,9% de 2007, la croissance fondait à 10,6% au 1er trimestre, de 10,1% au 2nd : l’Etat espère la maintenir à 9% pour l’année. Le 16/09, pour calmer les peurs d’une bourse effondrée des 2/3 depuis janvier (1980MM$ de transactions le 14/09, repassée 4ème mondiale derrière Paris), Pékin annonce la 1ère coupe des taux d’intérêt en 6 ans, de 0,27% (à 7,20%), et celle de 1% des réserves de la plupart des banques, à 16,5% de leurs actifs. Puis le 18, elle annonce l’abolition de la taxe de 0,1% sur les achats d’actions : tentative (pour l’instant vaine) d’enrayer l’hémorragie, et de rasséréner 100M de petits agioteurs ayant tout perdu…
Pour bientôt, Pékin peaufine un plan de sauvetage, comparable à celui du Japon: 40MM², en dépenses publiques, baisses d’impôt, crédit aux PME. Y manque encore la réforme du marché de l’énergie, faisant perdre des milliards de US$ aux électriciens comme aux pétroliers et forçant l’Etat à investir à perte des fortunes, au détriment de causes plus urgentes, telles la santé ou l’éducation.
Plus pour longtemps peut-être : la Chine semble se résigner à la perte de ses marchés étrangers, et à miser sur la consommation intérieure par la relance du ¥ et des salaires. C’est donc bien un nouveau cycle où elle s’engage, cycle « de détente » du crédit. Elle l’aborde, entourée de contradictions choquantes, mais aussi auréolée d’un prestige, intérieur et mondial. Au vu des 20 dernières années (cycle d’exode rural et d’industrialisation que l’Europe avait mis un siècle à franchir), des crises systémiques telles celles du lait ou de la bourse, sont hors contrôle, mais pas pour toujours, et elles restent en définitive de simples péripéties, induites par la rapidité du processus : incapables en elles-mêmes de désarçonner ce pays-continent lancé au triple galop !
Sommaire N° 31