Pour Cnooc / Conoco, la plus grosse usine off-shore
Avec ConocoPhillips, Cnooc le monopole pétrolier offshore, vient de lancer en mer de Bohai un des plus gros Léviathan maritime au monde : un FPSO, plateforme flottante de production, stockage et transbordement. Mis en service quelques mois à l’avance sur l’agenda, il est le moteur de la phase II du gisement Penglai-19-03, le plus grand de Chine. Construit en trois ans par le chantier shanghaïen de Waigaoqiao (coût : 200M$), il mesure 323m de long par 63m de large, et peut traiter 190.000 barils/j de tous types de pétroles -sa capacité annuelle est de 10Mt. Autour du « offshore Oil 117 », cinq plateformes de forage sont en cours d’installation, qui perceront 200 puits, dont l’or noir retournera au FPSO par canalisations. Les réserves de la mer de Bohai sont estimées à 20MM de tonnes brutes, dont une partie seulement découvertes. Pour Cnooc, l’association avec Conoco, 3ème pétrolier américain, reste profitable—quoique le groupe chinois progresse très vite en capacité de financement et en technologie. Conoco lui garantit de rester en pointe de la technique mondiale, et du développement de plus de gisements ensemble. Le prix à payer, est le rachat à l’Américain de 49% du pétrole extrait. Mais l’essentiel, désormais sur Terre, est moins le prix du pétrole, que son accès.
Agriculture : le cochon fait de l’oseille
En été’07, les marchés chinois regorgeaient de viande porcine à prix cassés. Arrivait l’épidémie de l’oreille bleue éradiquant 1million de truies. S’enclenchait alors la spirale de la hausse des prix de l’aliment pour élevage, décourageant le paysan: dès décembre, c’était la valse des étiquettes du porc +80% dans l’année. Mais voici qu’en septembre, le marché est guéri, avec un 1er semestre où les Chinois dévorèrent 10% de plus de porc que l’année précédente, 470M de têtes. Ce « miracle » est en réalité le fruit d’une stratégie tous azimuts du Conseil d’Etat, qui distribua 100¥ de subvention par truie pour décourager son abattage—au total 886M$ et sans doute plus. Il incita les opérateurs à l’étranger à se montrer particulièrement actifs, achetant à tout-va entre Canada, Hollande ou France, avec par ex. 170.000t de carcasses au 1er semestre rien qu’aux USA (+324%). Mais le risque de cette incitation est bien sûr la saturation et une nouvelle chute des prix sur un marché saturé. Dès aujourd’hui, le profit qui surfait à 400¥/quintal en décembre n’est plus que de 160¥, tandis que les 23¥/kg du prix de vente de l’époque, ont chuté de 3¥ à présent. Comme quoi la politique très dirigiste de l’Etat, ne réussit pas plus que celle de l’Union Européenne, avec ses montagnes de porcs, de boeuf ou de lait -subventionnés sans rapport avec le marché. Ainsi au moins, Pékin comme Bruxelles achète-t-il sa paix sociale.
Automobile : griller les étapes, vers le tout-électrique
Ancien ingénieur chef durant huit ans chez Audi en Allemagne, depuis 2007, ministre des sciences et technologies, Wan Gang voit grand pour l’auto électrique en Chine. Dès 2012, il veut 1M de voitures neuves (10% du total) à énergies nouvelles, surtout électriques. Dès 2010, 10.000 véhicules hybrides ou à piles à combustible doivent tourner dans 10 métropoles. Et pour 2020, un véhicule sur deux, devra répondre à ce type de motorisation. Justement, State Grid, le distributeur d’électricité sur 22 provinces, se met à bâtir un réseau de stations services électriques, à 25.000² pièce, dans des mégapoles telles Pékin, Shanghai et Tianjin, capables de charger (ou d’échanger) les batteries des nouveaux bus et des voitures. C’est ainsi un 2d réseau qui se lance sur les routes de Chine-concurrence aux rois du pétrole CNPC ou Sinopec. Concernant les futures automobiles, l’Etat n’est pas pressé d’adopter les technologies diesel ou hybrides offertes par PSA, Volkswagen ou Toyota trop chères, et Pékin vise le tout-électrique. Aussi des inconnus tel Wangxiang, entre ses sites de Xiaoshan (Guangdong), puis Hangzhou, prétend sortir «dès 2010», 50.000 tout-électrique. A Tianjin, Qingyuan s’estime capable de produire 20.000 modèles /an dans les mêmes délais, et de détenir, dès lors, la «plus grande usine mondiale» du genre. BYD, de Canton, peaufine sa F6, d’une autonomie supposée de 160km et d’une vitesse maximale de 160km/h (prix annoncé : 14.000²)… La stratégie de Wan Gang et l’opportunité sont claires : avec déjà 48% de pétrole importé, la Chine ne pourra pas toujours rouler au pétrole. Par contre, en R&D du tout-électrique, elle est presque au niveau de l’Ouest, et prête à produire à prix écrasés, sous 10 ans !
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