Ces petits faits relevés la semaine passée, n’ont qu’un point commun : leur aspect volontariste et osé. Comme si, après les Jeux, par des méthodes de plus en plus risquées, la Chine tentait de conjurer les dangers qui la hantent.
[1] Ce mois de Ramadan, au Xinjiang, est sous haute surveillance. Les commerces de campagne sont interdits de fermer, et les citoyens de porter barbes, voiles, ou de prier en masse, de jeûner ou d’enseigner le Coran. Tout ceci intervient après les attentats d’août (33 morts), et tente de prévenir un réveil de la ferveur islamiste et la tentation martyre -au risque de provoquer une explosion généralisée. Comme par compensation, Urumqi annonce l’abandon d’ici 2013, de 470Mha de coton (26%), « pour les rendre aux éleveurs », voire pour passer à la betterave à sucre ou au lin (bien plus rentables), ou pour leur permettre de reconstituer leurs nappes épuisées…
[2] Le Comité Central en Plenum d’octobre votera un amendement du droit foncier, octroyant aux paysans la propriété du sol non cultivable. Inconnue capitale: le terrain «résidentiel» est-il inclus? Si oui, les 80M de «petits propriétaires» chinois, ayant acquis ou bâti sans permis, pourraient recevoir enfin leur titre de propriété, supprimant un risque d’émeutes, au cas où une autorité serait tentée de les spolier.
[3] Sur la toile chinoise, un plan anonyme propose de partir à la conquête du Vietnam – rien de moins. A en croire ce document délirant, mais à succès, yaka bombarder 5 jours la jungle à Lang Son, la côte à Tanh Hoa (Nord et Est de Hanoi), puis d’y déverser 310.000 hommes avant de partir pour une promenade de santé de 26 jours et de subjuguer le pays de l’Oncle Ho. L’auteur justifie ainsi son petit jeu : « Le Vietnam est le 1erobstacle à l’ascension pacifique (sic) de la Chine, et sa prise, la condition 1ère du contrôle de l’Asie du Sud-Est ». A l’évidence, des Chinois n’ont pas oublié la défaite cuisante subie en 1979 par l’armée (APL), lancée sur le Vietnam à titre de «leçon», après qu’il ait évincé les Khmers Rouges du Cambodge ; ni les actuels petits pas de Hanoi pour confier à Exxon une part de son pétrole offshore, revendiqué par Pékin. NB: Hanoi se plaignit. Pékin répondit qu’il n’était pas l’auteur. N’empêche, ce genre de jeu ne fera rien pour freiner le réarmement accéléré, de l’Asie et Australie.
[4] 1er officiel à s’engager dans cette voie, Hu Angang, professeur d’économie et conseiller du régime, lui suggère de s’engager dans l’engrenage de réductions contraignantes de ses émissions de gaz à effet de serre, au sein du futur protocole de Kyoto-II (après 2012). “C’est dans son intérêt”, plaide-t-il, à moins de devenir un des 1ers contributeurs verts, nous serons une des 1ères victimes du réchauffement global”. Depuis 2006, la Chine est déjà n°1 de ces rejets de CO², avec 6,2MMt. Hu Angang prédit ce choc salutaire à l’horizon 2020, et la division par 2 des rejets d’ici 2050. En ce soutien à Kyoto, Hu Angang reste encore minoritaire, mais “le reste du pouvoir ne peut que suivre”, affirme-t-il.
Sommaire N° 30