La perle trop peu rare
A Hongqiao, marché aux perles de Pékin, un client guigne le produit le plus cher en vitrine, un rang de 20 perles de la taille d’ une noisette, lisse, à l’orient le plus fin. Prix affiché: 85.000¥. Mais une fois négocié, le prix est tombé à presque six fois moins! Plus que de longs discours, ce marchandage grotesque raconte la crise d’une aquaculture produisant trop, et trop mal. En 2007, les perliers d’eau douce ont écoulé 1600t, 95% de la production mondiale. Mais ces perles très imparfaites ne gagnent que 2000¥/kg, dix fois moins qu’en 1998. De plus, leur élevage saturé d’engrais empoisonne les lacs. Mais les choses changent. Parmi les plus grosses provinces perlières, le Hubei interdit depuis 2007 la culture en lac. Cette année, la production devrait baisser à 1400t, et 1000t en 2010, selon les plans de la GJTAC (Association nationale du commerce des gemmes et de la bijouterie). Du Kulin, secrétaire général de l’association perlière du Zhejiang prédit le recul des exploitants à 10.000 au lieu des «10aines de milliers » actuels et comme idéal, une production réduite à 100t de perles, cultivées moins denses et sur un plus grand nombre d’années. Tout cela pour rejoindre les prix et la qualité de la Polynésie française, montée en épingle comme la perle de la région!
Gazoduc Est-Ouest : et de 1, et de 2, et (bientôt) de 3!
En 2005, se concluait une farce dont Shell, BP, Exxon et Gazprom étaient les dindons: après avoir négocié avec CNPC, la compagnie nationale pétrolière, durant des années pour construire ensemble le 1er gazoduc transchine, Urumqi-Shanghai (5400km, 42MMm3/an), le partenaire chinois faisait cavalier seul. A l’époque, les Occidentaux déçus supposaient que l’outil ne serait jamais rentable, faute de rassembler assez de GNL pour le remplir : le présent démontre la vanité de la question, car la Chine construit le second, et prépare le 3ème. Investissement nécessaire pour doubler sa consommation de gaz en cinq ans – de 2,8% en 2005, à 5,3% en 2010. Le gaz viendra du Tarim (Xinjiang, 8400MMm3), de gisements du Shanxi (GNL, et méthane houiller), et des gisements de l’Asie Centrale. Pressenti pour fonctionner dès 2009, le 2nd (CNPC aussi), de 9000km, acheminera 30MMm3 /an du Turkménistan à Canton et Shanghai, moyennant un tronçon principal et 8 branches aux stations de compression fournies par General Electric moyennant 100M$. Son coût total: 14MM². Quant au 3ème, de même longueur, il décrira un gigantesque demi-cercle, d’Urumqi au Fujian via le delta des Perles. Son étude de faisabilité est déjà en cours. Et son prix plus élevé -vu l’explosion des coûts des matières premières. Ainsi, la Chine, sans grande expérience de départ, se sera hissée au 1er rang mondial des poseurs de gazoducs – seule!
Sommaire N° 30