Les rouages du Conseil d’Etat ne cessent de tourner, confrontés à ce dilemme : comment réagir à la crise des subprimes aux USA.
Le risque est fort, et la Chine mal préparée. Ayant laissé monter en 2007 ses investissements productifs de 24%, elle se retrouve vulnérable, avec de fortes surcapacités industrielles, pouvant faire faillite si l’Amérique, déjà en récession, réduit ses commandes. La Chine doit donc immédiatement réduire la vapeur.
Problème : si son repli est trop faible, la vulnérabilité va s’amplifier. Mais s’il va plus loin que la récession US, il sacrifiera inutilement des jobs. Aussi sous l’égide de la NDRC (National Development and Reform Commission), au moins trois sommets financiers eurent lieu ce mois (les 9, 11 et 14). Des mesures d’exception furent prises, visant à ramener la croissance de 11,5% en 2007, à 8%, et l’inflation à 4,6%. Il faut dire que les derniers chiffres sont intolérables pour l’étranger, comme pour la population : 6,9% d’inflation, +48% d’excédent commercial, +58% la hausse du prix de l’huile végétale et +40% de celui de la viande!
Révélatrice de l’âpreté des débats, cette mesure fut prise par la Banque centrale (BPdC) seule, sans l’interprofession, contrairement à la pratique : les banques ont vu reconduire leurs quotas de prêts trimestriels. Et si les petites et moyennes ont reçu de quoi nourrir une croissance limitée, les grandes, « quatre soeurs » ont obtenu un quota égal ou inférieur à 2007, signifiant un gel de leur croissance: 365MM¥ à l’ICBC (soit, tout de même, 100M²/jour!), 350 à la CCB (la Banque de la construction), 310 à l’ABC (la Banque de l’agriculture), et seulement 260MM¥ à la BoC (la Banque de Chine), (20MM¥ de moins qu’en 2007- la raison de cette sanction n’es pas connue). En outre, ces banques viennent de subir deux hausses de leur réserve obligatoire (à 15% des dépôts), et toute infraction sera punie en obligation d’investir en bons d’Etat payés en « clopinettes »…
Mesure plus vue depuis 15 ans : le retour au 15/1 du contrôle d’Etat sur les prix des vivres et des services, imposant l’accord de Pékin et de la province à toute hausse du producteur, et de sévères restrictions à la liberté d’étiquetage au détaillant. Tout manipulateur de prix se verra frapper d’une amende jusqu’à 100.000². Canton va même plus loin, envisageant de réintroduire les tickets de rationnement pour assurer aux pauvres leurs vivres à bas prix. Le résultat combiné de cet arsenal, et de la tempête mondiale des subprimes, a causé en deux jours (16-17/01), un rare effritement de la bourse de Shanghai de 5,3% – et ce n’est qu’un début !
A noter que ces mesures-choc s’additionnent à celles de l’an passé, qui commençaient à agir dès décembre : la masse monétaire M2 décrut de 18,5% à 16,7%, l’excédent commercial baissa de 14%, à 22,7 MM$… Les choses sont claires : Pékin n’a jamais été si sérieuse, dans le projet de maîtriser sa croissance, et faire les réformes structurelles pour passer à l’économie durable.
Sommaire N° 3