Editorial : Petits faits, sous le froid…

 [1] La semaine passée vit défiler à Pékin M. Singh, 1er ministre indien (13-15/01, cf colonne droite), le britannique Gordon Brown (18/01), les sous-Secrétaires américains D. Mc Cormick et J. Negroponte —ce dernier, venu pour la 5èmesession du dialogue semestriel bilatéral. Les USA, dont les hauts cadres viennent presque chaque semaine, s’affichent ainsi comme la puissance aux relations politiques les plus étroites avec la Chine.

 [2] Dans le bras de fer avec Singapore Airlines pour la reprise de China Eastern, Air China prend l’avantage en annonçant son offre imminente pour 30% du rival shanghaïen, 30% plus cher que n’offrait Singapore Airlines (SIA). China Eastern se dit désormais «prêt à étudier» ce deal. Il n’a pas le choix : on voit mal, désormais, l’autorité refuser à Air China la chance de fonder le 5ème transporteur mondial, en permettant de concentrer un marché éclaté en 22 compagnies.

 [3] Le fil rouge de la semaine est la multiplication et diversification de la dissidence. A Pékin, l’arrestation fin décembre de Hu Jia fait des remous. L’idéaliste chrétien avait aidé les paysans à défendre leurs terres. Puis en résidence surveillée, il avait appelé au boycott des JO, et aurait reçu, selon des sources, des fonds de l’étranger: il n’en fallait pas plus pour causer l’arrestation, sous un chef d’inculpation encore secret —Pékin l’accuse déjà de « délinquance ». Toutefois, cette arrestation entache l’image, à 7 mois des Jeux, et dément la promesse faite début 2007, d’avancées dans le domaine des droits de l’homme. L’Union Européenne et les USA critiquent le geste. Mais en réalité, Hu Jia ne paie t’il pas pour les autres formes de critique populaire, qui explosent en même temps, déstabilisant le gouvernement ?

– A deux reprises, Shanghai (6, 13/01) vit défiler des 100aines d’opposants à l’extension de la ligne Maglev entre les deux aéroports : petits bourgeois craignant la dévaluation de leur bien, suite à la pollution sonore et électro-magnétique. Organisé, ce lobby inédit a désarçonné les autorités (le nouveau secrétaire du Parti Yu Zhengsheng) et vite obtenu l’ouverture d’un débat public. C’est le même scénario qu’à Xiamen en décembre, suite aux manifs de 10.000 hostiles à une centrale chimique à 1MM$.

– A Dongnangang (Heilongjiang, 19/12), 1000 fermiers proclamèrent la réappropriation de leur terre confisquée 13 ans plus tôt. Peu après, circula une lettre explosive, parlant pour 40.000 fermiers spoliés de 101.000 ha, qui annonça la fin de la propriété collective. L’Etat réagit vite, et condamna (17/01) le leader Yu Changwu à deux ans de camp, tout en annonçant une campagne pour apprendre aux fermiers leurs droits et en rappelant que 30.000 cas d’expropriation abusive allaient être réglés.

NB: Comme on le voit, la dissidence traditionnelle, intellectuelle est relayée par  celle des petits bourgeois, et celle des paysans. Contrairement à la 1ère, elles n’ont rien de politique, mais visent la défense de leurs biens, contre l’arbitraire, et la corruption. Et contrairement à la 1ère, elles cherchent des formes de lutte plus efficaces et inextirpables. Enfin, ce seul détail  peut expliquer  la tension du régime : tel un cancer, le chancre de la dissidence se généralise, et recrute désormais parmi toute la société, et tout le territoire.

 

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
11 de Votes
Ecrire un commentaire