A la loupe : Marine militaire—des pas de géant

Bouclier d’un commerce extérieur réalisé à 90% par voie de mer, la marine chinoise n’était en 2000 qu’une flotte vieillie, ne s’aventurant pas loin des côtes. Profitant de décennies de budgets discrétionnaires, elle se met alors à produire ses navires de pointe, les acheter, étudier, améliorer.

Selon le dernier Monde Diplomatique, elle vient d’émerger comme 3ème force derrière les USA et la Russie, avec 850.000t de jauge brute et 500 bâtiments, dont certains furtifs, bourrés d’électronique et d’armements de classe mondiale. Depuis 2006, la Céleste Navale a reçu, avec l’aviation, la priorité  sur l’armée de terre. Sa mission stratégique: contrôler les 4M km² de mer revendiqués (au départ de ses 14.500km de côtes).

Pour cette réforme, fut adopté dès les années ’80 le plan stratégique de redéploiement, signé de l’amiral Liu Huaqing.

La «ligne verte», du Japon à la Malaisie, via Taiwan et Philippines, devait être maîtrisée d’ici 2010. Le 2d objectif—l’actuel- est la « ligne bleue» est du Japon à l’Indonésie via Guam, coeur du dispositif de l’US marine au Pacifique. Puis la navale devrait sécuriser les quatre routes du pétrole chinois, dont le détroit de Malacca, où passent 80% des imports chinois d’or noir.

Depuis lors, la Navale se dote d’un outil capable de répondre à ces défis, face aux flottes du géant US et de son allié nippon. Elle a ouvert un 2d front vers l’océan Indien, où elle monte patiemment son «collier de perles» : série de bases bordant l’océan Indien et ses routes, Marao aux Maldives, îles Coco en Birmanie, Chittagong au Bengladesh, Gwadar au Pakistan.

Liu Huaqing préconisait d’éviter l’affrontement : aujourd’hui, la navale chinoise s’enhardit, testant par exemple en 2004 la capacité nippone de détection des intrusions de ses sous-marins. Basées à  Qingdao (Nord-Est), Shanghai (Est) et Zhangjiang (Sud), ses 3 flottes disposent chacune de leur base navale, avec chasseurs et bombardiers. Ensemble, elles alignent 60 navires de haute mer, tels les destroyers de classe Luoyang, Ma’anshan ou Guangzhou -ces derniers de 6 800t pour 160m de long, cinglant à 29 noeuds. Gros effort en sous-marins (sa seule défense, pour l’heure, contre les 12 porte-avions américains) : 5 nucléaires d’attaque (SSN), et d’un lanceur de missiles balistiques stratégiques (SSBN). Sans compter 30 diesel-électrique et 20 en construction. 

Seule lacune évidente chez cette flotte géante : celle d’un porte-avions. Plusieurs tentatives ont eu lieu en Chine pour maîtriser cet outil complexe. Y-compris l’achat du Varyag à l’Ukraine en 1998, à présent en rade à Dalian. Mais pour l’heure, la route menant à ce roi de la marine militaire, est encore une très longue marche !

 

 

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