Les banques d’Union Européenne et des USA souffrent sous l’ouragan des subprimes : ayant déjà perdu 695MM$. Jeu de vases communicants? C’est à peu près ce que viennent de gagner les banques des pays émergents, Inde, Brésil, Russie, Chine : 753MM$.
Le triomphe est surtout celui de la banque chinoise : fin 2007, ICBC (la banque de l’industrie et du commerce), CCB (la banque de la construction), et BdC (la banque de Chine) occupent la 1ère, 2de et 4ème place mondiale, la n°3 revenant à HSBC. BoA (Bank of America) et Citibank suivent en n°5 et n°6.
A présent, les 3 soeurs chinoises récidivent, publiant leur bilan de 1er semestre : l’ICBC y apparaît la plus profitable, aux gains de +57% (6,4MM²). Coeur nucléaire de la croissance, ces banques gagnent inépuisablement, faisant fi des quotas de prêts, hausses de provisions bancaires et des taux d’intérêt.
C’est le triomphe de 10 ans de travail pour les assainir, former des cadres à l’étranger, et d’une pratique du métier «à l’ancienne» -prêts à des clients solvables, contrairement à l’Ouest lancé dans la course aléatoire aux marchés fictifs. Selon l’agence Chengxin, en un an, les 16 plus grandes maisons ont progressé à l’indice de fiabilité, de gestion du risque et de qualité des actifs : un exploit, par temps de forte croissance. J.P. Morgan leur voit un autre atout : une faible exposition aux prêts immobiliers, 7% à 8% seulement.
Mais de tels succès ne peuvent cacher les vulnérabilités. De statut public et tradition socialiste, ces banques ne sont pas indépendantes face au Parti qui nomme leurs Présidents (et un comité occulte et tout puissant, au sommet de l’organigramme, qui se mêle de tout). Elles doivent parfois consentir à des opérations pas toujours commercialement sensées. Protégés par leur carte de membre et/ou leurs relations, certains de leurs cadres n’hésitent pas à frauder – même à l’étranger, à mesure qu’elles se déploient hors-frontières.
Ainsi une cour de Las Vegas déclare (29/08) deux ex-directeurs de la Banque de Chine et leurs épouses coupables d’escroquerie aux USA, portant sur 485M$ en 13 ans.
Autre alerte : les banques se débarrassent de leurs avoirs chez Fannie et Freddy, les prêteurs immobiliers semi-publics américains. Surtout la Banque de Chine qui avoue avoir liquidé 20MM$ de ces positions depuis janvier. Cession bizarre, alors que le Congrès a autorisé le Trésor US à renflouer si nécessaire, les deux maisons dans la tourmente…
En tout cas, ces affaires de corruption et de la revente de subprimes, sont les seules ombres au tableau de la banque chinoise. On aura remarqué leurs deux points communs : elles ont comme acteur la Banque de Chine, et pour cadre les Etats-Unis. Or, la Banque de Chine est le fer de lance de l’expansion de la banque chinoise hors de la terre natale.
Cette dysfonction bizarre, et sans doute non vouée à durée, symbolise plus que tout autre fait, l’inconfort de ces maisons chinoises, à s’éloigner et fonctionner hors de leur cadre protégé !
Sommaire N° 29