Coca Cola rue dans les oranges
La brillante présence de Coke lors des Jeux Olympiques (un de ses sponsors), ses shows et animations en M$ dans Pékin s’expliquent à présent : après 30 ans de ronron dans les rayons chinois, le groupe d’Atlanta prétend soudain racheter Huiyuan, presseur pékinois de jus de fruits: à 2,4MM$, ce sera le record d’acquisition étrangère en ce pays.
Pour réussir vite et sans bavure, Coke paie très cher, le triple du dernier cours en bourse. C’est que Huiyuan est le fleuron nat’l du jus (43% des «nectars» en 2007) Son marché est un des plus prometteurs, ayant progressé de 160% en 5 ans, devant quadrupler en 10 ans, pour faire alors 40% de toutes boissons. Ce rachat permettrait à Coke de contrôler 37% des ventes. Ecoulé aux USA via le réseau Walmart, Huiyuan peut en espérer l’explosion de ses exports, sous l’étendard Coke. Pour Danone qui revend ses 23% de parts, le goût est doux-amer, perdant un partenaire stratégique mais engrangeant 100M² de profits. Mais l’écueil, bien connu en Chine (cf l’affaire Xugong/Carlyle) est le populisme: 82% des 52.000 personnes interrogées par Sina.com, se disent hostiles à la reprise, dite (sic) «destruction d’un pilier culturel». L’Etat va à présent devoir avouer le véritable esprit de son ambiguë loi des Monopoles – conçue
[1] pour protéger le consommateur, ou bien
[2] contre l’étranger ? Le pire n’est pas la voie obligatoire. Car Pékin trouve aussi potentiellement, dans ce deal géant, sa meilleure chance de réaliser un vieux rêve bloqué depuis des ans au tapis vert de l’OMC (ronde de Doha) : exporter en masse ses produits agroalimentaires vers les marchés riches, assurer des emplois ruraux bien payés, enrayer l’hémorragie lente des campagnes. la Chine, produisant 60% des fruits mondiaux, peut inonder le monde de ses jus -à condition de partager la galette avec un étranger de taille, Coke, par exemple !
Sommaire N° 29