A la loupe : Tibet—la terre ‘tremble’

Mise à part celle de Taiwan, la question du Tibet est la plus tendue en Chine du XXI. siècle.

Question d’histoire : quel que soit son coût ou son utilité politique, stratégique ou économique, son occupation en 1959 par Mao fait partie de ces dogmes intangibles sur lesquels se fonde la légitimité du régime! Et pourtant, l’avènement des Jeux Olympiques a fait voler la chape de plomb et d’inaction sur le Toit du monde. En mars, Lhassa s’est révoltée, 1ère fois en 19 ans, suivie par d’autres villes. Nuisible à l’image du pays, l’émotion internationale a forcé Pékin à reprendre le dialogue avec des émissaires du Dalai Lama.

Entre-temps, l’autre minorité de l’Ouest, celle des Ouighours du Xinjiang s’est embrasée.

A quelques jours des Jeux, par internet, un groupuscule d’Asie Centrale avait averti de la lancée d’une série d’actions en Chine : il a tenu parole ! En 8 jours, 6 attentats autour de Kashgar (4-12/08), 32 hommes dont 21 policiers ou cadres sont morts à l’arme blanche ou à la bombe. Le Xinjiang voit donc l’apparition d’une forme d’intifada qui, avec les émeutes tibétaines, marque l’échec de 60 ans de politique d’assimilation, coûteux mélange d’équipement en infrastructures et de main de fer anti-autonomiste.

Dans ce contexte, l’existence du Dalai Lama, traditionnellement mal vu par Pékin, est peut-être une chance pour la Chine qui doit s’en rendre compte. Cet été, le Dalai a fait de gros efforts pour, et a bien du mal à détourner la jeunesse tibétaine exilée d’un passage à la lutte armée . Il prie aussi  le club des nations d’intégrer au plus vite la Chine en son sein, et renonce à rencontrer le Président français N. Sarkozy, estimant les temps «non propices» (pour Pékin). Surtout, il déclare qu’il «accepte l’ordre constitutionnel chinois», ce qui est interprété par un analyste de haut vol comme l’offre de démanteler son gouvernement en exil en échange d’un accord honorable. Justement, ce dernier, depuis son exil de Daramsala (Inde), préparerait un plan détaillé d’autonomie du Tibet (territorial, et historique), à soumettre à la Chine lors de la prochaine rencontre d’octobre.

Côté chinois, la réaction est mitigée : d’une part, on annonce six nouvelles lignes ferroviaires en 12 ans, destinées à mieux arrimer le Tibet à la Chine, on présente aussi de nouvelles explorations minéralières, et un plan d’investissement de 5,5MM$ au Tibet dans les prochaines années. Ce qui  montre bien, si le moindre doute subsistait, que la Chine est là pour y rester. Sont annoncées alors la réouverture du monastère de Drepung et la fin de la restauration du Potala, son palais à Lhassa – à temps, en cas  d’entente ?

En tout cas, ce rendez-vous d’octobre sera crucial. La Chine devra lâcher du lest ou s’engager dans de longues années d’instabilité locale. Le Tibet n’est pas seul en jeu : elle a besoin d’un modèle nouveau, pour le Xinjiang aussi. Le monde entier, alors, retient son souffle !

 

 

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