Tabac: un bébé géant de l’herbe de Nicot
Sans états d’âme vis-à-vis d’une industrie du tabac qui cause plus de 500.000 victimes par an, la corporation nationale du tabac – CNTC– tente d’optimiser un outil obsolète, atomisé en PME non rentables. Car ce marché n°1 mondial (350M de fumeurs, 2400MM de cigarettes), paie 3,9MM² de taxes en 2007, en hausse de 20% depuis 2003. Or, les géants du secteur Philip Morris (US), BAT (RU) et JT (Japon) perdent lentement la guerre de la nicotine sur leur propre sol et salivent aux portes du marché chinois, un des seuls qui leur reste à l’avenir. Aussi l’urgence est-elle à la concentration : quelques années de sursis pour rendre compétitif l’outil tabagique moyenâgeux. La tutelle CNTC tente de créer 10 groupes capables de résister au choc… 1er né : la fusion de “Nuage rouge” (Hongyun) et “Rivière rouge” (Honghe), tous deux du Yunnan (le “poumon d’acier du tabac en Chine”). Si Pékin approuve, ils deviendront 4ème mondial, à la capacité de 230MM de cigarettes (10% du marché intérieur), au chiffre d’affaires de 4,5MM².
NB : soutenues par l’OMS, l’organisation mondiale de la santé, des voix timides commencent à s’élever pour dénoncer la hausse de 80% des cancers du poumon en 30 ans, posant à la croissance un handicap (en morts et en soins hospitaliers) bien supérieures aux taxes de l’Etat. Depuis peu, aussi, fumer est interdit en tout lieu public. Mais l’ordre reste souvent lettre morte.
Suspense pour train suspendu…
A Shanghai, il a du mal à décoller, ce Maglev, train sans roues, à lévitation magnétique, quoique la section Longyang-Pudong (37km en 7 minutes, à 450km/h) existe depuis cinq ans. Depuis lors, tel le monstre du Loch Ness, l’extension vers Hangzhou et Hongqiao est annoncée, puis démentie. Le 18/08, le dernier permis manquant est acquis, dit le gouvernement du Zhejiang, mais «un permis environnemental manque encore», dit Xinhua. Ce que ce cafouillage masque de moins en moins, est une foire d’empoigne entre partisans et adversaires, dont les derniers sont les riverains, inquiets des radiations, qui obtenaient en mai 2007 la suspension du projet. Une série noire d’avaries n’arrangea rien, tel un incendie du compartiment des batteries, ou l’avarie d’un câble. Sur le fond, la bataille opposait le ministère des Chemins de fer à celui des Sciences et technologies, avec de puissants intérêts financiers à la clé, car les contrats pour la ligne TGV classique (ou le métro), et pour celle Maglev, ne revenaient pas aux mêmes groupes. Prétextant l’urgence de l’Exposition Universelle de 2010, les adversaires avaient d’ailleurs lancé les chantiers métro et TGV sans attendre. Dans la quasi-décision annoncée le 18/08, le Zhejiang semble avoir été influent – soucieux d’avoir les riches Shanghaïens à 1/2h de sa porte. Le Conseil d’Etat aussi, pour honorer un contrat secret avec Berlin, qui avait payé 500M$ pour placer en Chine cette ligne dont les Allemands ne voulaient pas. S’il doit se faire, le chantier démarrera en 2010 pour s’achever en 2014, pour un coût de 2,2MM² seulement – et non les 3,5MM² encore d’actualité il y a quelques mois… Mystérieuse épargne, peut-être fruit d’une révision chinoise du cahier de charge allemand… On en reparlera !
Sommaire N° 27