Pol : Loi antitrust : du grain à moudre pour l’Etat

Chine/Corée du Sud: les liens se resserrent

Il y a dix ans encore, Chinois et Sud-Coréens ne s’appréciaient guère -mais leurs capitales se comprenaient parfaitement. C’est ce qui a permis aux relations, après leur tardif rétablissement en 1992, de progresser plus vite qu’avec n’importe quel autre.

L’an passé vit l’explosion de nombreux records traduisant l’excellente santé des rapports entre ces voisins: en 2007, 6M franchirent la frontière à bord de l’un des 830 vols de ligne hebdomadaires. 64.000 Sud-Coréens étudièrent dans les facultés chinoises et 34.000 Chinois, vice versa. Les échanges atteignirent 160MM$, dont 19MM de surplus à la Corée qui avait dès lors investi chez le partenaire 22,54MM$. Aussi, pour manifester l’amitié orientale, Hu Jintao en visite les 25-26/08 (sa 1ère sortie après les JO) annonçait l’envoi d’un couple d’aigrettes couronnées (espèce rarissime) et plantait, avec le Président Lee Myung-bak quelques arbustes au nouveau parc forestier de Séoul. L’agenda de leur rencontre fut aussi avare de détails, que crucial pour l’avenir : [1] la dénucléarisation nord-coréenne « dans le cadre du groupe des 6 » -alors que Pyongyang renâcle une fois de plus. Depuis 2003, Pékin servait d’intermédiaire seul, ce qui convenait à Kim Jong-il, le cher leader. Mais quand ce dernier bloque le démantèlement, af-fectant d’attendre le prochain Président US, Pékin montre son déplaisir en associant Séoul à ses palabres; [2] le règlement de vieilles querelles sur la possession des îles Ieodo-Suyan ; [3] la négociation d’un accord de libre échange.

Terrorisme: la Banque de Chine sous les projecteurs

   La Banque de Chine, écran financier du Hamas et du Hezbollah ?

Par personnes interposées, Israël l’affirme, en portant plainte le 21/08 devant un tribunal de Los Angeles pour «financement du terrorisme», contre cette 2de banque chinoise par les actifs, 1ère par le réseau à l’étranger. Les plaignants sont une 100aine de citoyens israéliens victimes entre 2004 et 2007 d’attentats du Hamas et du Jihad islamique. Le procès est en fait signé Shurat HaDin, pool d’avocats pour le compte des ministères israéliens des Affaires étrangères et de la Défense. La plainte évoque des transferts par la Banque de Chine entre Canton et les USA, depuis 2003, de «10aines de M$» au profit de Said Al Shurafa, leader terroriste présumé. En 2005, la Banque de Chine aurait rejeté l’appel de cadres du Mossad, à mettre un terme au flirt avec le diable. L’accusation est très dommageable pour la Banque de Chine qui nie tout en bloc, se posant en fidèle défenseur des normes de l’ONU sur le combat de l’argent sale et du terrorisme. Il se trouve que la Chine, depuis deux ans, tente d’endiguer ses financements occultes. Votée fin 2006, en vigueur en 2007, sa loi anti-blanchiment prétend réguler ses circuits financiers. Dès 2006, Pékin révélait 1239 transactions suspectes sur son sol, portant sur 56M$. Puis elle interdisait au Banco Delta, à Macao de servir de robinet de financement d’affaires nord-coréennes imprésentables. On peut supposer que Tel Aviv, avant de se lancer dans cette épreuve de force, a épuisé tous les canaux de négociation —et que le débat se poursuit aussi en sous-main. Mais les relations sino-israéliennes qui semblaient abonnées au beau fixe, sont en crise. L’affaire risque de porter un coup aux relations, alors que la Chine vient de supplanter l’Allemagne comme second fournisseur d’Israël en 2007, avec 4,6MM$ d’export, contre 3,3MM$ aux firmes d’Outre-Rhin.

Loi anti-trust : du grain à moudre pour l’État

A peine en vigueur (au 1er/08), la loi anti-monopole a déjà des plaignants, qui se bousculent au portillon d’une cour de Pékin pour attaquer l’Etat, en l’occurrence l’AQSIQ, l’administration de la qualité des produits. Dès 2005, l’AQSIQ avait rendue obligatoire la certification et l’apposition d’un codebarres sur tout article de la vie courante, à fin de traçage. Une firme, la CCIT, reçut le monopole de l’activité et taxa toute firme usagère, de 600¥ par an et par code. Mais l’AQSIQ se trouve être actionnaire à 30% de ce trop florissant business, qui empocha l’an dernier 6M$ (+569%) en installant sa bidouille légale chez 68.000 firmes. L’AQSIQ pourrait aller plus loin, venant d’ajouter (nov.’07) 69 autres articles à sa liste des produits corvéables. «Pour rien», accuse Ma Yong, secrétaire général des spiritueux à la CFIA, puisque le code-barres ne fait que répéter des infos présentes sur l’emballage et n’est imposé qu’aux 105.000 firmes honnêtes, membres de sa guilde, mais non aux 300.000 contrefacteurs dans l’ombre. Mais aux yeux des juristes, les chances de la démarche sont minces: le législateur ayant pris soin d’exclure du champ de la directive les monopoles d’Etat, responsables uniquement devant une mystérieuse et bénigne «autorité d’application de la loi anti-monopole».

NB: l’AQSIQ na pas bonne cote, se retrouvant trop souvent au coeur d’«affaires». C’est le reflet des difficultés de son terrain : peu de moyens, un océan de firmes à surveiller, la tentation des bakchich. Wu Jianping, son directeur alimentaire s’est suicidé le 2/08. Zheng Xiaoyu, chef de la FDA, l’instance-soeur, fut exécuté en juin 2007. On a ici, clairement, un cas de monopole abusif, et surprotégé.

Pour AEG, « l’après-JO » avec la NBA

Un défi de l’après J-O, est celui d’un avenir pour ces 12 stades ou gymnases neufs, bâtis à frais somptuaires. Pékin veut les rentabiliser par une botte secrète : en faisant appel à l’étranger, pour qui ces partenariats privé-public semblent de l’or en barre. 84% des Chinois disent vouloir visiter ces ouvrages mythiques qu’ils n’ont pas encore pu approcher. Et ces Jeux aux 51 médailles d’or, ont suscité un appel d’air : un potentiel brûlant pour développer l’industrie du sport-spectacle. Apparaissent des professionnels anglo-US aux dents longues, tel le milliardaire californien Ph. Anschutz, propriétaire du club Galaxy de D. Beckham. AEG, sa société de management sportif a réservé la salle de Wukesong, site des épreuves de basket-ball (18.700 sièges). AEG veut y organiser des shows en association avec la NBA, dont le patron D. Stern rêve de renommer la station de métro «NBA city» et de créer partout dans le pays des académies de basket pour découvrir de nouveaux Yao Ming. AEG parle d’investir 100M$ d’ici 2013 et de gérer un certain nombre de stades. Ailleurs, les financiers veulent vendre au plus offrant, un nouveau nom du Nid d’Oiseau pour 30 ans—6 multinationales sont réputées sur les rangs. Dix partenariats spécifiques sont aussi à prendre, comme le monopole des ventes de boissons, ou des animations audiovisuelles. Mais pour amortir les 500M$ de cet espace, il faudra des dizaines d’années, en compétition avec d’autres sites déjà amortis et plus centraux comme le Stade des Travailleurs… Le Cube d’eau, de même, risque d’être gagne-petit… L’aspect le plus fascinant, ici, est la nouvelle mentalité visible, ce concept tout juste atterri des USA : faire fortune, en désennuyant le Chinois, le week-end : saturday night’s sporting fever !

 

 

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