Temps fort : Imminente, introuvable, la réforme de l’énergie

On ne l’a pas senti à Pékin durant les Jeux – question de prestige – mais la Chine a subi cet été sa pire crise énergétique depuis 2004,  avec un déficit de 16Mkw.

En charbon, la réserve moyenne n’est que de 11 jours. Même en dépassant leurs quotas, les mines ne peuvent suivre la demande – le Shanxi, 25% de la production nationale a augmenté ses extractions de 14%. Le cours de la houille s’envole, (+100¥ /t de janvier à mai, un doublement en deux ans), mais le système d’Etat ne parvient pas à répercuter sur le consommateur.

C’est au producteur d’abord, de l’avaler. Datang, gros électricien, vient de perdre 150M² en 5 mois. 80% des centrales thermiques, travaillant à perte, préfèrent chômer (défiant les consignes): au 1er semestre, elles ont travaillé 50 heures de moins qu’un an avant. L’Etat vient bien de leur offrir deux hausses consécutives de 5%, ne compensant pas toutes celles de la matière 1ère, et c’est au distributeur seul d’en supporter la charge, par peur de l’Etat de nourrir l’inflation. Mauvaise pioche pour State Grid, avec son réseau sur 22 provinces, qui voit compromis son plan d’investissement de 175MM$ sur 5 ans d’ici 2010… Et ce n’est pas fini : l’hiver s’en vient, alors que les barrages, faute d’eau, tournent à bas régime. Déjà l’Etat se prépare à des mesures d’urgence, pour gérer l’exacerbation de la pénurie.

En pétrole, la situation n’est pas plus stable.

La hausse de 17% des prix à la pompe en juin, n’a pu que maintenir un tarif moyen à moitié du cours mondial. L’octroi de subventions depuis 10 mois, a permis d’éliminer les files d’attente, mais en créant d’autres distorsions : CNPC et Sinopec importent et stockent à tout va. Ainsi, ils créent les 30 jours de réserve nationale stipulés par l’Etat, mais ils ont dû acheter au pire moment (140$ /baril) au prix fort, puis vont devoir y renoncer dès octobre, alors que les cours  redescendent… Tandis que le citoyen continue à jouer de l’accélérateur en toute insouciance, faute de signal du pouvoir, d’épargner une ressource qui se fait rare… Mis à part le doublement de la taxe sur les voitures de grosse cylindrée (de plus de 4l, qui fera monter de 40% leur prix-étiquette).

Ainsi, le marché de l’énergie aboutit à une situation ingérable, prix à payer pour le maintien anachronique d’un prix « socialiste » d’un pétrole que la planète entière s’arrache. Résultat : en juillet, les prix industriels ont monté de 10% (record historique) à cause de l’énergie, et Pékin admet déjà ne plus pouvoir atteindre l’objectif fixé pour 2010, d’un plafond de consommation à 3MMt de TEC – tonne équivalent charbon.

A ce retard, il y a une raison structurelle : le blocage par les lobbies d’un ministère de l’énergie et d’une politique nationale transsectorielle. Mais l’agence nationale de l’énergie, née en mars (Président Zhang Guobao) annonce une «réforme des prix de l’énergie, dans le sens du marché mondial ». Même son chez Li Rongrong, Président de la SASAC (tutelle des Grandes entreprises d’Etat).

Sans date, mais la tendance est claire : c’est la fin de l’âge d’or des dinosaures.

 

 

 

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
15 de Votes
Ecrire un commentaire