Joint-venture : Pétrole: Exxon déchiré entre Chine et Vietnam

Fusions & Acquisitions : coup de gong pour Xugong

La saga Xugong-Carlyle s’achève après trois ans sur un coup de gong.

Le californien expert des reprises hypothécaires (LBO), renonce à  la compagnie publique d’engins lourds. En 2006 pourtant, il rachetait à la mairie de Xuzhou, pour 375M$, 85% d’un Xugong enchanté de cette chance de résister à la domination de Caterpillar et Komatsu. C’était compter sans Sany, petit rival aux solides appuis, qui dénonça  la braderie d’un fleuron national.  A ce prix, lui-même rachetait! Si ce deal se faisait, menaçait-il, il était condamné.

Ces accents cocardiers inquiétèrent Pékin: en août, le ministère du commerce imposa son feu vert à toute acquisition étrangère d’équipementiers locaux. Douze mois plus tard, ils étaient six ministères en conclave, pour tenter de sortir de l’impasse. En vain. Carlyle transigea, haussa son prix, réduisit ses prétentions à 50%, 45%… Rien n’y fit : le 23/07, prétextant que l’entente est expirée, Carlyle se retire.

Pour autant, il n’a pas attendu pour refaire sa vie: depuis 2007, il a mis 1,3MM$ dans 30 affaires dont 49% des tubes d’acier Yangzhou Chengde, 17,3% des assurances China Pacific. Xugong veut se faire racheter par la bourse : sa filiale cotée à Shenzhen veut y lever 820M$, pour racheter la maison mère, et la recapitaliser. Le 25/07, les agioteurs patriotes approuvent : Xugong remonte de 9,5%. Quant à Carlyle, il ressasse la dure leçon, un peu trop tard apprise : en Chine, quand on veut racheter quoi que ce soit d’importance, on demande d’abord à Pékin !

 

Automobile : à truand, truand et demi

En 2004, la mariée était belle, cette JV signée entre Malcolm Bricklin et Chery, le constructeur de Wuhu, (Zhejiang).

Avec son réseau de Visionary Vehicles, le  businessman flamboyant se faisait fort d’inonder le marché américain des voitures low cost de Chery. Importateur de Yugo, Fiat et Subaru, Bricklin était orfèvre en la matière. Peu regardant sur l’origine douteuse des modèles du partenaire, il prétendait en importer 250.000 dès 2007, moyennant 200M$ d’investissements de ses revendeurs franchisés. Trois ans plus tard, ce seraient 1M de voitures qu’il écoulerait, en faisant 1,1MM$ de profits, grâce à son prix plus bas de 30% en moyenne.

Mais fin 2006 tout à trac, Chery tourne casaque, et s’en va à la concurrence Chrysler, avec armes et bagages : adieu, veau, vache, cochon, couvée ! A présent, Bricklin accuse le Chinois de l’avoir trompé de n’avoir feint leur coopération que pour attirer les grands du secteur : un Chrysler, un pied dans la tombe, ne pouvait pas laisser le Chinois pénétrer sur son marché -sauf comme son partenaire, produisant ses propres voitures sous licence, créant une synergie entre qualité américaine et bas prix chinois, ce qu’ils ont fini par convenir, sur le dos de Bricklin. Au tribunal, Bricklin accuse aussi Chery d’avoir soudoyé un de ses employés pour obtenir son plan d’investissement. Dindon de la farce, il réclame entre autres les 26M$ qu’il avait placé dans l’affaire. Le seul gagnant, en finale, pourrait être Chery : si dans quelques années, il lâche Chrysler, une fois sa technologie acquise, son marché phagocyté !

 

Pétrole: Exxon déchiré entre Chine et Vietnam

Concernant la souveraineté sur « sa » mer, les choses sont simples pour la Chine : tout est à elle sauf une bande de 12 miles marins aux riverains. En pratique, Pékin admet l’aspect inacceptable de sa revendication mythique, et elle a convenu de négocier.

Mais quand le Vietnam, assoiffé d’hydrocarbures, invite Exxon Mobil, 1er pétrolier de la planète à s’associer à PetroVietnam dans l’exploration des Paracelses, au sous-sol très prometteur, Pékin avertit que sa souveraineté est violée. Dès 2007, Hanoi avait invité British Petroleum (BP) à explorer un autre bloc. La pression de Pékin l’avait fait reculer, mais il comptait revenir.

Pékin avertit les firmes que si elles insistent, ce sont leurs contrats futurs en Chine qui en souffriront. Argument qui fait réfléchir : Exxon monte avec Sinopec une raffinerie dans le Fujian, et aurait beaucoup à perdre (et réciproquement) d’une rupture avec la Chine. Mais Hanoi tient bon : la géographie et le droit de la mer (la convention de l’ONU de 1982) lui donnent raison. Tout en suggérant un compromis possible : une fois sa souveraineté admise, tout partenaire, même Chinois, est bienvenu pour venir développer la ressource. La différence étant que les taxes, comme le pétrole, regagneront la terre ferme par le chemin le plus court —vers le Vietnam !

 

 

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