Temps fort : Autoportrait—la Chine dans son miroir !

L’institut Pew, de Washington, sort son sondage des opinions de 24 pays sur eux-mêmes. En Chine, 3200 adultes de tout âge et de tout milieu, reflètent l’image décapante d’un pays jeune, optimiste,  patriote, aux opinions tranchées.

Sur les Olympiades, ils sont 96% à dire qu’elles seront un succès, 93% à croire qu’elles embelliront l’image du pays, et 79% à penser qu’elles leur apporteront un profit personnel.

Sur la question capitale du bonheur (vu comme un cocktail de fierté envers le pays et sur sa vie propre), 86% se disent comblés, contre 48% six ans avant, et 29% pour les Français. En terme de satisfaction économique, ils sont 82%, soit 30% de plus qu’en 2002 (Français = 19%…).

Mais qu’on gratte un peu, et les nuances viennent vite : parlant de la famille, seuls 14% sont « ravis» tandis que 67% disent « mama huhu » (马马虎虎, «plus ou moins»). Sur l’emploi et le revenu, on ne trouve que 4% au nirvana contre 60% dans le «ça-m’suffit», chiffres immuables depuis 2002. Autrement dit, cet optimisme du Chinois se réfère plus à la nation et à sa capacité à l’enrichir, qu’à son existence propre.

Le problème qui lui pèse le plus est la hausse des prix : 96%, dont 72% «très soucieux». Suivent l’écart des richesses (89%), la corruption des cadres (78%) et des businessmen (61%) – mais l’Etat «fait un bon travail» de répression, pensent 65%. Suit la pollution (air, 74% et eau, 66%). Ici, quatre Chinois sur cinq pensent qu’il faudrait faire plus, même au prix de pertes de richesse et d’emploi. Passons sur le chômage (68%), la délinquance (61%) : de 56 à 39% des gens sont sensibles aux accidents de travail, à la qualité des produits, aux pensions, à la Sécurité sociale, à l’éducation. Le cadet de leurs soucis va aux coupures de courant (27%)…

A 70%, le Chinois approuve la liberté de marché et la vie moderne : 38% ont leur ordinateur, et 25% vont sur le net. Mais parmi ceux qui atteignent le pinacle, avec un diplôme, bon job en ville et haut salaire, ils sont 59% à se plaindre de la perte des traditions : c’est parmi eux que se recrutent les «jeunes en colère contre l’Occident». Trouvant exorbitant le prix payé pour leur bonne fortune, ils s’érigent en gardiens ombrageux d’un passé que leurs parents ont jeté aux orties.

A cette racine du nationalisme, vient s’en adjoindre une autre : candidement, cette Chine qui pompe des millions d’emplois à d’autres pays, ne croit qu’à 3% leur faire du tort. Elle s’estime à 77% populaire mais distribue sans complexe, aux voisins, le titre d’« ennemi » : au Japon (38%), aux US, (34%), à l’Inde (25%). Dans le même ordre d’idée et de xénophobie montante, ils ne sont plus que 77%, contre 92% en 2002, à croire que l’anglais pour leur enfant, soit un « must ».

En somme, la société chinoise s’éveille à la condition de nation, et de puissance, avec le passage inévitable par la phase ingrate de l’adolescence cocardière !

 

 

 

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