Les trêves estivales sont bonnes pour soulever des lièvres financiers : cet été ne déroge pas à la tradition, avec deux dossiers sous la loupe de la presse chinoise :
Le Fonds national de pension vante ses performances, ayant presque sextuplé ses gains, de 19,5MM¥ fin 2006 à 112,9MM¥ fin 2007, pour un bilan de 516,15MM¥. La profitabilité de ses investissements a quadruplé au cours de la période, à 39%.
Mais dans ce palmarès, un détail fait sourciller : il est celui de l’an 2007, bouclé au 31-12. Or, depuis, le vent a tourné. La bourse shanghaienne a perdu 50% et rien qu’en juin, l’indice composite a plongé de 20,31%, grillant 4679MM¥ de capitalisation. De cette débâcle, le Fonds a-t-il pu se protéger? Possible, car en tant que fonds public politiquement prioritaire, il dispose en temps utile de tuyaux ultra-précieux et pour lui, point de délit d’initié. Indice d’une marche arrière précoce, fin 2007, le fonds avait (encore) «27MM¥» directement placés en bourse, soit «+10,8%» qu’un an plus tôt : une hausse qui n’aurait pas pu générer le sextuplement !
A présent, le fonds vient de recevoir le droit de placer 10% de ses avoirs chez des repreneurs chinois de firmes en faillite, tels Hony Capital (branche de Legend Holdings), et CDH, l’ancien bras d’investissement de la CICC (chacun 2MM¥). D’autre part, on sait que 20% maximum iront à au moins 10 fonds étrangers, dont 5 sous la bannière de MSCI-Barra. Conclusion apparente : dans l’immédiat, adieu la bourse; le fonds fait toute voile dehors, vers la diversification, la gestion privée et l’étranger.
Autre sujet sensible, l’avenir des stocks-options aux cadres de direction et experts des GEE. Outils de motivation éprouvée, elles ont été autorisées en 1999 par la loi. Ces récompenses avaient permis à nombre de ces «aristocrates en col blanc» de faire fortune, en vendant au prix fort leurs parts reçues à tarif symbolique.
Cependant, le passage en bourse a brisé l’équilibre. Les 350M de parts offertes chez China Mobile valaient 9,7MM¥, mais les 500M qui restent à prendre, en valent 57MM¥, au nouveau taux ! Aussi voit-on Petrochina déconseiller ouvertement de faire valoir ses droits —on fait même signer des promesses en ce sens. Manifestement, une époque inconfortable débute, où des ex-PDG tels Ma Fucai (Petrochina), Li Yizhong (Sinopec) ou Wei Liucheng (Cnooc) ont renoncé à exercer leurs droits, sans les abandonner.
Mais si l’on cesse d’intéresser les PDG d’Etat aux profits qu’ils ont générés pour leur «boite», comment éviter leur départ? A l’avenir, les GEE doivent-elles demeurer les locomotives de l’économie chinoise? Autant de questions qui doivent perturber plus d’un leader des tutelles des GEE, entre la NDRC et la SASAC !
Sommaire N° 23