Zimbabwe : Pékin garde son cap
Pour l’instant, Pékin campe sur son refus des représailles proposées (3/07) par Washington contre le Zimbabwe de R.Mugabe, accusé de s’être maintenu au pouvoir (29/06) par un scrutin truqué. Condo. Rice, K. Ruud pour l’Australie et Ban Ki-moon n’ont pu convaincre la Chine de voter ces sanctions au Conseil de Sécurité, notamment un embargo sur les armes… dont elle lui livrait elle-même fin avril (VdlC n°15) 77tonnes via la Tanzanie. La Chine a pourtant, depuis lors, refroidi ses relations avec l’embarrassant allié. Et elle préférerait sans doute garder de bonnes relations avec l’opposant M. Tsvangirai – histoire d’éviter que ce dernier, s’il parvient au pouvoir, ne change de représentation diplomatique. Il faut dire que dans une optique de Realpolitik, Pékin n’a nul intérêt à soutenir l’action occidentale. En protégeant Mugabe, elle le tient sous son influence, et pourrait être en bonne position à l’avenir pour lui imposer un partage du pouvoir avec son opposition. Et en attendant, elle le maintient en vie par ses fournitures vitales (189M$ de déficit commercial au 1er semestre 2007). Pour la rembourser, le Zimbabwe au riche sous-sol pourra payer en concessions minières, ou en terres arables, que Pékin est en train de louer discrètement en de nombreux points du monde pour y expédier ses brigades de production…
Pyrotechnique – Adieu, « oh la belle bleue » !
Du jamais vu depuis des décennies: pour le 4th of July, fête nationale US, il y a eu pénurie de feux d’artifices, tandis que sur l’autre rive du Pacifique, des villes comme Liuyang (Hunan), aux 900 PME et 1MM$ de ventes d’engins pyrotechniques (40% à l’export), sont au bord de la faillite, entrepôts pleins. La Chine qui expédiait 9.000 conteneurs /an, est cette année de 30 à 40% en retard. A ceci, plusieurs raisons. De plus en plus, les ports n’en veulent plus, soit suite à une fraude découverte par les douanes (cas de Nanshan), soit suite à une explosion de fusées (cas de Sanshui), soit pour cause de sécurité olympique (cas de Shanghai et HK). La perte de Sanshui pèse lourd : il traitait 20% des exportations. D’ailleurs, le Guangdong envisage d’interdire cette marchandise dangereuse et de peu de valeur. Comptent aussi la suppression en janvier des restitutions à l’export, et la faiblesse du $. Un coup fatal vient d’être porté par ce rapport de la US Consumer Safety Commission qui conclut que 46% des feux d’artifices chinois en 2007, étaient hors-normes. Au fond : face à la demande croissante de toutes les sociétés mondiales en davantage de sécurité, les « belles bleues », « belles vertes » et « belles blanches » vont devoir s’adapter, hausser leur prix, investir dans de vraies usines —ou bien allumer leur propre « bouquet final » !
Grippe aviaire : aux grands maux les grands remèdes
Malgré les abattages systématiques des élevages contaminés, le virus de la grippe aviaire réapparaît partout en Chine, exacerbant le risque d’une mutation et d’une transmission d’homme à homme voire, disent les épidémiologistes, d’une pandémie aux centaines de M de victimes. La parade consiste à vacciner contre la grippe traditionnelle : le vaccin actuel protège contre 75% des souches grippales émergeant chaque année. Mais la Chine n’est encore vaccinée qu’à 1,5%, contre 20% en Europe ou Corée, et les médecins peu sensibilisés à cette technique. C’est pourquoi lors d’un Forum International à Pékin (26-27/6), le Centre National d’épidémiologie préventive a annoncé la création d’un mécanisme de surveillance de la diffusion du fléau, et un plan de vaccination de 20% de la population. Tel projet exigera 400M de doses/an. Cependant, les techniques connues ne permettent de produire que des dizaines de M par usine. Celle de Sanofi Pasteur à Shenzhen, par exemple, pour 70M² d’investissement, produira 25M de doses/an. Apparaît alors Microbix, de Toronto : 200M Can.$ dont la moitié à charge du Hunan. Cette start-up veut produire 100M de doses/an dès 2013, grâce à un processus révolutionnaire, pas encore testé à l’échelle industrielle. En s’associant à elle, la Chine démontre sa conscience du danger qui couve à ses pieds, et sa détermination de s’en protéger à tout prix.
Sommaire N° 23