La fin de l’ivresse de l’essence cheap
La nuit du19/06, les chauffeurs qui attendaient aux stations d’essence, savaient pourquoi: au matin, essence et gazole avaient monté de 18%. Par ordre de la NDRC (National Development and Reform Commission), pétrole, diesel enchérissent de 1000¥/t, le kérosène de 1500¥/t.
Afin d’encourager sa percée, le GNL, gaz naturel liquéfié, n’est pas changé. Le Kw/h, aussi, montera de 4,7% au 1/07, pour les industries —sauf engrais. En bourse de New York, cette annonce eut un effet fort : le cours du baril reflua de 3$, à 134$, révélant ainsi la double distorsion du prix d’Etat sur le cours de l’or noir :
grosse acheteuse, la Chine fait monter les prix,
‚ puis revend chez elle sous le prix mondial (au prix pour l’Etat de 50MM$ cette année, dit la Banque Mondiale). Avec pour résultat d’habituer les usagers à gaspiller une ressource perçue comme inépuisable…
Obsédé par la stabilité sociale et l’emploi, Pékin n’osait pas, jusqu’à hier, toucher au dogme de l’énergie «cheap». S’il change d’avis, dit la BM, c’est au nom d’une bonne conjoncture (croissance élevée et inflation qui chute, 7,7% en mai). Selon l’étude de la CICC, 40% de la hausse mondiale du brut est imputable à ce prix artificiel chinois. Une hausse de +50% (niveau de profitabilité des raffineurs hors Chine) ramènerait le baril à 110$ fin 2008, 90$ fin 2009. Enfin, Pékin reste très prudent : les tarifs des trains, bus, taxis ne bougeront pas, et les revenus faibles toucheront des primes de carburant: on reste encore loin d’une dérégulation de l’énergie en Chine!
Venu de France, pour l’environnement : l’Agence française de développement
L’Agence française de développement, depuis 2003, s’est installée en Chine pour y prendre ses marques, avant d’y opérer dès 2006, en sélectionnant et finançant, à concurrence de 150M²/an, des projets d’économie d’énergie et de défense de l’environnement.
Quoique brassant de gros moyens—elle a transféré l’an passé 3,5MM² dans 70 pays en voie de développement, l’Agence fonctionne à la parcimonie : pour 1² de fonds propres, elle en attire sept autres -le tout remboursable, à taux modestement bonifié.
Pour le client, le véritable intérêt réside moins dans les fonds, que dans la qualité des experts de haut niveau, gratuits, associés à la sélection et la maturation du projet. Pour sa «récolte 2008», l’Agence française de développement investit 130M² dans
[1] la rénovation ou création de 8 mini-barrages autour de Yichang (Hubei) d’une capacité de 58mW,
[2] le montage du 1er parc d’éoliennes du Yunnan à Zemoshan, près de Dali,
[3] un fonds de 60M² pour des microprojets d’énergies douces, parrainés par le pôle de compétitivité Cap-énergies ou l’ERI, cofinancé par le FFEM (Fonds Français pour l’Environnement Mondial).
[4] L’agence mise aussi 14M² sur un filtre aux fumées de la centrale à charbon de Laibin B (Guangxi), sous concession « BOT » par l’EDF : investissement qui permettra l’élimination de 90% des 40.000t de souffre (SO²) émis chaque année par ses cheminées dans l’atmosphère.
Total, en Chine, plein gaz !
Le 16/06, Total communique qu’il livrera à la Cnooc (China National Off-shore Oil Corp) 1Mt/an de Gaz Naturel Liquéfié de 2010 à 2025. Aucun prix précisé: il ne s’agit que d’une déclaration d’intention. Trois mois avant, Cnooc signait avec Qatar-gas un contrat long terme de 2Mt de GNL/an.
C’est là le résultat d’années passées en quête vaine de réserves hors-frontières. Les contrats en dizaines de milliards de dollars et dizaines d’années avec Indonésie voire Iran marquent le pas. Le problème a été en partie retardé par un prix trop bas de l’énergie, défavorisant le GNL, plus cher mais plus propre. Mais toujours plus, les mégapoles chinoises votent pour le gaz, pour remonter la pente de leur pollution. Confrontée à une poussée de demande (+5% /an de demande en gaz d’ici à 2030), la Chine n’a plus le choix, et doit s’adresser aux multinationales, sa concurrence…
Tiré de dix gisements mondiaux, ce gaz Total ira au terminal du Guangdong, seul en état : il alimentera ses centrales thermiques. Trois autres terminaux émergent à Shanghai, au Fujian, au Zhejiang. Au moins, ce deal permet à Cnooc de rendre à Total une politesse : en 2006, Total l’avait vu rafler 45% de «son» gisement offshore d’Akpo, au Nigeria, d’un débit estimé à 225.000 barils/jour, qui entre en exploitation ces prochains mois.
NB : silence «total» sur la poche de Sulige (Mong. Intérieure), en cours de développement par le groupe : exploitera, exploitera pas ?
Aéroports: des ambitions planétaires
La Chine poursuit le formidable effort d’équipement aéroportuaire qui fera d’elle sous 10 ans, la première base mondiale du trafic aérien.
D’ici 2020, 97 aéroports de lignes secondaires (feeders) doivent être inaugurés dans les régions moins desservies. Les pôles (hubs) seront modernisés, et des groupes d’aéroports seront constitués (clusters). De la sorte d’ici 2020, les 147 aéroports chinois seront 244, qui coûteront 64MM$ à l’Etat.
But recherché -comme partout ailleurs au monde : satisfaire l’explosion de la demande du marché des mégapoles, et renforcer l’intégration et la coordination de groupes, par ex. pour mieux développer le fret, ou le trafic intermodal…
A ce bal de l’air, l’étranger est invité (depuis 3 ans) : General Electric va payer 25% max. (selon la loi) des 370M² du terminal Jieyang-Chaoshan, qui remplacera dès 2011 celui de Shantou (Canton). Avec le GAM (Guangdong Airport Management) pour partenaire, il va construire et cogérer ce 9ème aéroport cantonais, qui attirera le marché tout neuf de Taiwan, juste rétabli. Dès 2015, il devrait traiter 5M de passagers.
Sommaire N° 21