Fin 2007, Pékin entamait avec l’Union Européenne une ronde de débats qui durera des années, pour bâtir ensemble un cadre de coopération puissant, tous azimuts, à la hauteur de leurs échanges toujours plus forts.
Quelques mois après, les 16-17/06 à Anapolis (Maryland), c’étaient aux USA d’entamer avec la Chine la 4ème session de leur dialogue économique stratégique, présidé par le vice 1er Wang Qishan et le secrétaire au Trésor H. Paulson. De part et d’autres, les attentes sont aussi nettes que hautes, résumées par le leader chinois: « sur notre coopération, pas de retour en arrière possible. La Chine a besoin des USA, et vice versa! »
Pour adoucir les USA, Pékin avait « payé d’avance » :
– faisant fi de l’érosion du dollar, il avait acheté en avril, pour 30,2MM$ en bons et titres US (1MM$/j !) ;
– depuis des semaines, il avait accéléré la réévaluation du RMB, désormais 20% de plus qu’en 2005,
– il avait freiné ses exports vers les USA, qui ne progressaient plus (janv-avr) que de 6,9%, à 74MM$. Clairement, le déficit US de 256MM$, ne se reproduirait pas…
Dans ces conditions, plus de confrontation, et l’on pouvait envisager de construire des choses ensemble. Même si les USA continuaient à reprocher à Pékin sa monnaie sous-évaluée, et ce dernier, à Washington, son dollar trop faible : les deux partenaires ont décidé de lancer ensemble, sous 12 mois, un traité bilatéral d’investissement, afin de doter leurs financiers de règles du jeu : que des Chinois tel le fonds souverain CIC (China International Capital) puissent acquérir des joyaux financiers américains, et que des compagnies d’investissement, telles Carlyle ou Blackstone, puissent racheter banques, aéroports, assurances etc.
B. Bernanke, Président de la Réserve fédérale, confirma que les banques ICBC (Industrial & Commercial Bank of China) et CCB (China Construction Bank) recevraient bientôt leur licence sur territoire US. Et la bourse de New York (NYSE-Euronext), 1er groupe boursier mondial, rappela sa demande d’une ouverture de la bourse de Shanghai aux valeurs étrangères…
L’énergie fut le second champ majeur de ce sommet. USA et Chine, géants pollueurs, en retard sur l’effort collectif de lutte contre le réchauffement global, décident de s’associer pour rattraper : ils se sont liés sur 10 ans, par le biais d’un accord de coopération couvrant tous les aspects de politique énergétique et d’environnement.
Ils convinrent aussi d’ouvrir les bureaux de la Food and Drug Administration en Chine avant fin 2008, pour aider les industries pharmaceutiques et alimentaires à respecter les normes américaines.
Au bénéfice des firmes américaines, dès le 1er jour, la Chine annonça 35 commandes suivies de 70, d’une valeur globale de 21,6MM$, dont 3MM$ de soja pour Cargill, d’autres pour Ford, General Motors, Boeing, et tous les grands de l’électronique et des télécoms. Au même moment, les premiers 232 touristes chinois officiels, franchissaient la frontière des Etats-Unis, promus «destination privilégiée»…
Pendant ce temps en Chine, la presse n’en avait que pour Barak Obama, le candidat démocrate à la Maison Blanche.
Le Quotidien du Peuple exprimait la fascination du pays pour sa couleur de peau—la capacité des USA, pays «blanc», à relayer le pouvoir à ses minorités. Tout cela pour dire que c’est en Obama que la Chine, pour l’heure, voit le vainqueur du scrutin de novembre, – l’homme avec qui, à l’avenir, elle devra négocier !
Sommaire N° 21