A la loupe : Refonte ambitieuse de l’administration

Non à la démocratie de l’Ouest, mais Oui à l’efficacité de l’administration : tel semble être le mot d’ordre de Pékin, qui prépare la refonte du gouvernement pour terrasser ses dragons de l’incompétence et de la corruption. Pour ce faire, Wen Jiabao, le 1er ministre, veut recombiner en super ministères, les 28 ministères et commissions, et les 48 agences et bureaux. Selon les modèles du Japon (12 ministères), des USA (15), du Royaume Uni (17).

D’ici mars, à présenter à la session du Parlement, l’ANP, le ministère des transports (MOT) cumulera transports et chemins de fer, aviation civile et postes. Le ministère de l’Environnement et de la construction (MOEC) fusionnera SEPA (l’agence nationale de protection de l’environnement), construction, les min. de l’eau, du sol & minerais. Le ministère de l’énergie (MOE) coiffera les organes de gestion de la houille (noire, et blanche), des hydrocarbures, du nucléaire, des renouvelables. D’autres fusions « sur le feu », concerneraient les tutelles financières des banques (CBRC) de la bourse (CSRC) et des assurances (CIRC), celles de la monnaie (finance et taxation), et un vaste ministère vert, agriculture + forêts.

Sur cette réforme, peu de détails circulent. L’objectif est d’accélérer la définition des politiques en supprimant redondance et rivalités—atteindre plus de cohérence par une vision globale. Et d’enrayer la voracité des cadres qui, en 30 ans, ont quintuplé leur part du budget de l’Etat, de 4,7% (5,5MM¥) à 19,2% (651MM¥).

Un autre effet espéré, est la reprise de contrôle sur les lobbies. Les superpétroliers Sinopec, CNPC et CNOOC, si puissants, ont obtenu en septembre d’être maintenus hors du joug de la loi anti- monopole, tout en augmentant leurs prix à tout va, sans regard pour les 10aines de MM$ de profits engrangés par le seul jeu du cours mondial. De même, les super ministères sont supposés se faire mieux obéir des provinces. Par exemple, le MOEC pourrait empêcher la création à outrance de villes et usines en des sites menacés – déjà, l’on annonce le gel de l’urbanisation dans 4 provinces aux sols fragiles : Tibet, Guizhou, Ningxia et Qinghai… A vrai dire, on voit mal comment le super ministère se fera mieux entendre d’une province ou d’un lobby sûr de sa force, de ses appuis, ni comment il jugulerait la corruption -au pire, celle-ci, consistant en marges sur des budgets, pourrait se muer en « super-corruption »!

Ici intervient une autre initiative, qui renforcera les chances de Pékin de se faire obéir. Depuis début 2007, la CCID (Commission centrale d’inspection de la discipline) a reçu le droit de nommer depuis Pékin ses hommes en provinces. Auparavant, c’était le Secrétaire du Parti qui le faisait. Ainsi, la police interne du Parti en province, ne rendra compte qu’à Pékin. C’est un progrès. Mais il ne suffira pas. Manque avant tout, la séparation du Parti et de l’Etat, et l’indépendance du pouvoir judiciaire : une réforme qui affaiblirait le Parti en renforçant l’Etat : le régime n’y est pas prêt !

 

 

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