Trop d’enfants, cuit
Depuis l’été, la politique de l’enfant unique se durcit et, tente d’enrayer la dérive nataliste. Dans la seule province du Hubei, en 2007, 1678 fonctionnaires et/ou communistes ont été convaincus d’avoir conçu un enfant hors planning. 500 d’entre eux ont perdu leur carte du Parti, 395 ont été licenciés.
Province natale de Mao, le Hubei, il faut dire, est économiquement en retard, aux 59M d’habitants-paysans, serrés sur 185.000km² au coeur du pays. Ce qui explique que la province ait vu naître, selon le même rapport, au moins 93.000 bébés imprévus—illégaux. Sur l’ensemble du pays, selon les experts, l’excédent est évalué entre 3 et 10M par an, dont une bonne part forme la population grise, non déclarée. Les autres contrevenants furent taxés selon leur richesse. L’amende-record atteignit 70.000² – mais le nabab parvint à transiger à 10.000².
Iter : la Chine, soutien massif
ITER, projet international de recherche expérimentale en fusion nucléaire commence à se construire à Cadarache (France, région PACA). Six puissances s’y sont engagées sur 35 ans reconductibles et 11 milliards d’euros dont l’Union Européenne paiera la moitié et la Chine 10%, tout comme les US, la Russie, le Japon et la Corée. Soit pour Pékin, 1,1 milliard, promesse publiée le 8/01.
Un tel effort est unique dans l’histoire, et sa raison est simple: les physiciens attendent de la fusion, une fois maîtrisée, une génération d’électricité illimitée et propre. Mais dans les recherches nationales, les quatre dernières décennies ont été décevantes. Les réacteurs expérimentaux sont trop petits. Aucun Etat n’a les moyens de construire seul le Tokamak, ou tunnel annulaire aux dimensions suffisantes pour accélérer le plasma à la vitesse de fusion. En attendant de trouver la formule gagnante, chaque Etat paiera surtout en nature -ainsi, pour les USA, en tuyauterie cryogénique et en machinerie à confinement magnétique. Il paiera aussi en savants, tout comme Pékin qui doit en fournir 30 (12 sont déjà sur place), selon Luo Delong, vice directeur. Que la Chine ait voulu coopérer à part entière, démontre ses ambitions : en retard sur plusieurs pans de cette recherche, ITER lui permettra en peu d’années, de rejoindre le peloton de tête.
Taiwan – le retour du balancier
Le 13/01, le scrutin législatif à Taiwan se solda par une victoire raz-de-marée du Kuomintang (KMT). Sous la houlette de Ma Ying-jeou (maire de Taipei, homme populaire), le KMT a emporté 81 sièges, contre 27 au DPP (Democratic Progress Party). Victoire qui traduit un jeu de forces contradictoires.
L’irrésistible poussée de l’identité insulaire, est plus que contrebalancée par la chute de son poids dans le monde, au profit de la Chine. Le DPP paie aussi pour les démêlés en justice du clan Chen Shui-bian – la promesse non tenue d’une gestion propre, et pour un indépendantisme dont l’opinion approuve l’idée (seuls 14% se disent Chinois), mais non l’agressivité. Pragmatique, elle veut concilier paix, prospérité, et modus vivendi avec le Continent. Pékin s’est gardé de faire pression directe.
Il a toutefois racheté à prix d’or deux pays nains alliés de l’île, îles Marshall et Malawi, 6 milliards de $ pour transférer l’ambassade de ce dernier de Taipei à Pékin. Prochain RV, et le plus important : les présidentielles du 18 mars, opposant Ma à Jimmy Hsieh pour le DPP—pragmatique et modéré. L’un comme l’autre désormais pourraient négocier avec Pékin sous certaines conditions. Preuve que ces dernières années, sur le ring entre les deux Chine, Pékin a marqué les points. A plus long terme pourtant, c’est l’île qui gagne, en renforçant sa démocratie. Nul doute que Pékin se serait senti plus confortable avec un seul et même Parti vainqueur aux élections, auquel un jour ou l’autre, il eût pu se substituer !
Corée du Nord / un dégel de tous les dangers?
Insolite, ce scénario offert par deux centres politologiques à Washington (l’institut américain pour la paix, et le centre d’études stratégiques internationales) : en cas d’effondrement politique du pays du matin calme, les troupes chinoises franchiraient la frontière de la rivière Yalu, de préférence « en coordination avec l’ONU » (sic), mais également sans, si nécessaire, afin de s’assurer du contrôle des 10 bombes atomiques détenues par Pyongyang. Ces fuites apparaissent, début janvier, après que le régime de Kim Jong-il ait dépassé la date limite du 31/12 pour démanteler son infrastructure atomique.
Au même moment, peut-être pour exprimer son indisposition, Pékin reportait à des temps plus doux l’ouverture d’une liaison aérienne avec Pyongyang.
Cependant qu’un 3ème analyste d’Amérique, le « Journal de l’armée US », éclaire à sa manière le scénario des deux autres : en cas de disparition du petit régime stalinien, une coalition US/sud coréenne s’ébranlerait sans attendre, pour occuper le territoire et battre de vitesse l’armée chinoise. Vu sous cet angle, la prétention chinoise, supputée par les barbouzes américains, d’aller récupérer l’arsenal atomique de Pyongyang, semble relever du prétexte.
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