Gaokao—Lycéens : la journée des braves
Du 7 au 9/06 en Chine, c’est le week-end décisif, bilan de neuf années d’études « marche ou crève » : le gaokao, concours d’entrée aux universités, où réussissent autant de jeunes qu’il y a de places, soit 5,95M pour 11M de candidats.
Dans les 2 filières (littéraire et scientifique), les jeunes affrontent une liste de questions à réponses multiples, garantissant une équité de façade. En réalité, les villes ont bien meilleure chance (70%), et certaines provinces font mieux que d’autres, tel le Xinjiang que la jeunesse «han» veut fuir pour rejoindre la côte : là, le taux de réussite avoisine les 100%.
Mais tandis que la société veut son «gaokao» et l’université qui va avec, l’Etat voit que sur les 4,95M de diplômés sortis en septembre 2007, 29% sont restés sans emploi. Il tente donc de conseiller, en alternative, les filières professionnelles. Parmi ceux qui rateront leur bac, un sondage révèle que 50% se résigneront à faire plombiers ou cuisiniers, 27% redoubleront et 23%, les plus riches iront à l’étranger ou dans des facs privées qui, en douceur, donnent des diplômes équivalents… A cette session, 96.000 jeunes ne sont pas conviés : ceux du Sichuan sinistré, à qui l’on prépare une session séparée. Angoissés, fragilisés, ils obtiendront la voie royale : un quota spécial de 2% dans tout établissement, des points de bonus, des bourses… Tout pour repartir du bon pied !
Inde-Chine : petite lutte entre « amis »
Entre Inde et Chine, la jeune amitié (8 ans) n’a pas éteint un contentieux ancien, sur le tracé des frontières.
En janvier, la visite à Pékin du 1er ministre Manmohan Singh avait permis la création d’une commission, pour traiter ces revendications territoriales. Ce qui n’empêche Delhi, à la veille de la visite du min. des affaires étrangères Pranab Mukherjee (5-7/06), de réitérer une fin de non-recevoir aux visées chinoises sur le Sikkim, annexé par Delhi depuis 1975. Pour le reste, l’entente cordiale fut de rigueur.
A défaut de son homologue Wen Jiabao (appelé d’urgence au Sichuan sur le site du séisme), Mukherjee rencontra le vice Président Xi Jinping, pour préparer les exercices militaires conjoints de décembre, un coup de fouet aux échanges de 40MM$ en 2007 à 60MM$ d’ici 2 ans, pour ouvrir des zones économiques communes et inaugurer un Consulat général à Canton.
NB : comme pour illustrer la confiance encore fragile envers son voisin, Delhi rouvrait (2/06) la base aérienne de Daulatbeg Oldi, la plus haute du monde (4937m), fermée depuis 1966. Il annonçait aussi la réouverture prochaine de deux autres bases au Ladakh oriental, toutes à la frontière chinoise. Stratégiquement parlant, explique un expert militaire indien, Daulatbeg ne vaut pas grand-chose. Mais durant le dernier conflit indo-pakistanais (1999), la Chine aurait tenté «24 fois» de s’en emparer, et « en face, 13 projets du même type sont en cours- nous nous sommes réveillés tard».
Fièvre française toujours, mais bénigne !
Le passage de la flamme olympique à Paris a laissé des traces. De multiples efforts français publics et privés, démonstration d’amitié, compassion et aide à l’après-séisme, ne peuvent dissiper une brume de ressentiment.
Ainsi, le Bureau du tourisme de Pékin a notifié aux agences le retrait temporaire de la France, sur la liste des destinations touristiques privilégiées, ordonnant de facto aux agences de cesser la vente de voyages vers l’Hexagone. Les grands tours opérateurs chinois (CITS, CTS) confirment des annulations vers Paris en juillet, juin étant déjà engagé. En France, commerce, hôtellerie et voyagistes pâlissent, craignant de perdre une part des 700.000 touristes chinois de l’an passé, qui dépensaient entre 1000 et 1500² en sorties et magasins (on en attendait 800.000 cette année).
Mais selon nos sources, les choses sont plus nuancées. D’abord, l’interdit ne vaut que pour la France, non pour l’Europe. En pratique, tous les tours atterrissent à Roissy—et les touristes, même par patriotisme, ne vont pas se priver d’un tour aux Galeries Lafayette. D’autre part, l’interdit, pour l’instant, ne vaut que sur Pékin, et ne serait élargi à l’ensemble de la Chine, que (nous dit-on) en cas de geste inamical de Paris (la mairie), envers la Chine, avec une personnalité étrangère…
Sommaire N° 19