A la loupe : Chaises musicales téléphoniques

Elle couvait depuis quatre ans, la refonte des télécoms. La voilà qui sort (24/05) et l’on comprend mieux les années de tractations, vu la complexité du partage de quatre marchés nationaux (fixe, sans fil, net, satellite) entre 6 groupes qui s’échangent des branches ou meurent, pour renaître en trois. 10 ans après la dernière refonte, la philosophie a évolué, du modèle commercial « monopole d’un service » à la « concurrence multiservices »- la reconnaissance du « client-roi ». Par contre, tout ce monde demeure sous la triple chape d’acier du contrôle financier, administratif et policier : information et communication demeurent l’instrument n°1 du leadership. Aussi l’étranger, quoique technologiquement dominant, reste à la porte. Enfin, quoique ces échanges impliquent des transferts d’actifs en dizaines de MM$, pas un Yuan physique n’est dépensé: tout se fait par échange de titres, à l’amiable, entre membres du même club…

Pour cette refonte, il était temps!

Avec ces règles désuètes, les opérateurs fixes comme China Telecom étaient saignés à mort (moins 880 000 clients en avril). A l’inverse, ceux sans fil caracolaient, tel China Mobile empochant 8MM² de profits en 2007.C’est donc sans enthousiasme, pour un montant secret que China Mobile s’offre Railcom, déficitaire, (l’ex-réseau fixe des chemins de fer).

China Unicom, n°2 du portable, reçoit la branche fixe de Netcom (23,8MM$), mais cède à China Telecom sa branche portable CDMA (15,9MM$). Ainsi, China Unicom peut désormais se mesurer «à armes égales» (au GSM) avec China Mobile. Tandis que China Telecom paie -un peu trop cher-, son ticket d’entrée au gras marché du portable, et espère rassembler d’ici quelques mois 100M de clients. Il récupérera une subvention de 30 à 45% du coût de cette reprise, ainsi que Satcom, l’opérateur de satellites.  Et il cherche un « investisseur stratégique ».

Le grand chambardement mettra 4 mois (ou plus) à se réaliser. L’artisan de la réforme voit le confort d’un usager désormais doté d’une facture unique – au risque de décevoir d’autres attentes, telle la qualité de connexions ou la liberté du choix des services..

Déjà évalué à 105MM$, le marché des télécoms chinois voit devant lui des lendemains qui chantent, avec 60% de la population restant à abonner au mobile. Une fois les fusions parachevées, il restera à Pékin à attribuer les 3 licences de 3G : sa propre création TD-SCDMA (la moins désirée, déjà octroyée à China Mobile avant les J0), l’européenne WCDMA et l’américaine CDMA-2000.

Bien des risques demeurent: pour l’investisseur, celui d’un marché où l’acteur n°1 reste l’Etat; celui de l’énorme avance de China Mobile sur des rivaux qui devront s’endetter lourd pour s’aligner; et surtout, l’incapacité de ce système dirigiste, à absorber vite les progrès techniques de l’étranger, faute d’en tolérer jusqu’à présent la concurrence, malgré les engagements donnés à l’OMC, l’organisation mondiale du commerce.

 

 

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