Temps fort : Séisme : secousses limitées sur l’économie

Le coeur est lourd, mais Pékin reste conscient de sa «chance»: à 90km près, c’était Chengdu qui était rasé, avec cette fois des millions de victimes. L’épicentre du séisme fut montagnard, ce qui limite les dégâts, selon AIR Worldwide à 20MM$.

Raison d’espérer : le barrage des 3 Gorges a tenu, tout comme (jusqu’à ce jour) 391 autres, quoique endommagés -l’Etat vient de débloquer 7,6M$ pour assurer la maintenance d’urgence.

Côté industriel, c’est autre chose. 8,74GW de centrales électriques (+de 1% du total) sont touchées, tel le barrage de Taipingyi (760MW), du groupe Huaneng : seuls 4GW ont été rétablies.

En gaz, la CNPC coupa sa production de 6Mm3, dont 1/3 seulement a été restauré. Devant ouvrir en 2010, le complexe pétrochimique de Pengzhou (distillation et craquage d’éthylène, à 5MM$), qui venait de causer manifestations et arrestations à la capitale provinciale Chengdu, est remis en cause, le temps d’une nouvelle étude sismique.

Des cimenteries telle Huixing (Lafarge) sont à l’arrêt. Anhui-Conch, 1er cimentier du pays (69Mt de ciment/an) envisage de faire venir le produit par barges, moyennant un surcoût de 15% sur un prix déjà le plus haut du pays. Vu le renforcement des normes et les inspections sévères à attendre à l’avenir, prédit son directeur Guo Jingbin, les besoins seront prodigieux : tout doit être rebâti, le détruit et le rescapé, les écoles, les maisons, les routes, à 400¥/t…Anhui-Conch veut donc rajouter à son parc productif dans l’Ouest, 50Mt de capacité sous 5 ans. A partir de septembre, il veut ouvrir dans 5 provinces. La catastrophe, par ailleurs, donnera peut être quelques années de sursis aux milliers de petites cimenteries indépendantes polluantes, qui assurent toujours 45% de la production nationale…

La province va aussi freiner sa capacité en métaux non ferreux.  Hongda, la fonderie de zinc à Shifang (100.000t/an de capacité), a fermé.  Cette perspective, le 15/05, fait baisser le London Metal Exchange—le cuivre de 130$/t, à 8105$/t, suivi du zinc, du nickel et du plomb.

L’agriculture, aussi, est touchée. Le Sichuan, grâce à sa forte masse paysanne, était gros fournisseur national en céréales (7,3% du riz), légumes et viande (11,6% du porc) : la bourse de Chicago s’attend à un raffermissement de l’effort chinois, déjà net, d’import de grain et d’huile—et donc, à une « exportation » de l’inflation chinoise sur les prix mondiaux.

Face à cela, la bourse joue au ludion, à +2,7% le 14/5 et -1,6% le 15/5. Signe de surchauffe continue, avec+400MM$ investis de janvier à avril dans les villes. La reconstruction ne fera rien pour refroidir ce bouillonnement : la vie continue ! 

 

 

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