A la loupe : Pour cause de JO: le Nord au pain sec et sans eau

L’ académie des sciences sociales, la CASS, donne l’alarme : la sécheresse de la Plaine du Nord (200M d’habitants) s’aggrave. Au Hebei, c’est la pénurie pour 250.000 habitants.

La solution envisagée est le canal Sud-Nord, rêve de dérivation des eaux du Yangtzé vers le Fleuve Jaune. Lancé en 2002, devant coûter à l’époque 60MM$ (mais bien plus depuis!), il doit, via trois routes distinctes (Est, Centre et Ouest), abreuver le nord de 48MM de m3/an du Yangtzé- 1% du débit.

Le problème est que cette solution technocratique ne peut guérir la sécheresse, symptôme très peu «naturel» dû à un lourd surpeuplement. Le Nord chinois consomme l’eau plus vite qu’elle n’arrive. Faute de pluies, on pompe. La Chine du Nord compte 2M de puits profonds, dont les trois quarts non potables (engrais, minéraux remontés des entrailles de la terre). La croûte terrestre s’effondre par subsidence, comme à Ningbailong où apparut en juin’06 une crevasse de 8km de long, endommageant de nombreuses fermes. Ce qui n’empêche le Hebei de compter déjà 33.000km² de sol aride. En cause : le réchauffement climatique, l’augmentation de la population et de ses exigences de mieux-être, le tournant vers l’agriculture intensive, et le développement d’une industrie lourde imprudemment favorisée en ce milieu impropre.

Or, le tronçon Est, en cours d’ouverture, comporte 2 défauts.

[1] Son débit est trop faible. D’une capacité d’1,6MMm3, les deux réservoirs de Shijiazhuang ne contiennent que 600Mm3, dont un tiers promis à Pékin, JO obligent, notamment pour lui permettre de lessiver ses lacs et canaux. Pour sa part, le paysan du Hebei s’est vu dire que pour son irrigation, il ne devrait compter que sur les précipitations, c’est-à-dire rien, ou presque.

[2] Autre faille du système : le droit de l’eau n’a pas été réformé. Le bénéficiaire ne défraie pas les provinces donatrices, ni celles traversées, qui ont pourtant l’obligation de préserver une ressource pure, parfois au prix de la fermeture de leurs usines riveraines du Fleuve Jaune. Depuis des années, la bataille des compensations financières entre provinces reste un dialogue de sourds —le Shaanxi, spolié, met en garde contre un risque de soulèvement populaire.

On est donc dans une situation explosive :  la Chine du Nord ne peut ni renoncer à sa plaine à blé, ni trouver sa ressource en eaux d’ici 20 ans, date de l’épuisement annoncé de sa nappe phré-atique, accéléré par la disparition des 35000 glaciers du pays. C’est maintenant qu’elle doit réagir, prévient la CASS, et elle n’y est absolument pas prête. Des choix déchirants sont à l’horizon : fermer les usines grosses buveuses d’eau? Passer à l’irrigation high tech (70% d’économie, mais hors de portée des paysans)? Symptôme clair, en tout cas, d’une économie non durable !

 

 

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