Tudou.com—La « patate » chinoise a la frite !
Trois ans après sa création, la start-up shanghaienne Tudou («patate») est mûre, avec dans son cabas 50% du marché du partage des vidéos amateurs, extraits de films et clips TV.
Il bat YouTube (filiale Google), du fait de son offre en mandarin, au plus grand marché du monde (220M d’internautes), d’une alternative quotidienne à la TV censurée, moraliste et mortelle. Dès août 2007, il fournissait chaque jour 55M de clips pour 3 milliards de minutes de diffusion, le double du portail anglophone.
Quoique suivi de rivaux sérieux –56.com et Youku, Tudou a peu de problèmes de financement, les plus grands groupes (Intel, Coke…) faisant antichambre pour annoncer sur son mécanisme de vidéo-pub, lancé dès juillet 2007, avant Youtube. Quelques défis demeurent, telle la censure qui n’admet ni porno, ni paris, ni de politique : Tudou figurait en mars parmi 32 distributeurs à s’être fait tirer l’oreille par le censeur Sarft (State Administration of Radio, Film and Television).
Problème aussi de piratage – comment expurger à 100% ses 20.000 clips inédits /jour? Déjà attaqué en justice, Tudou s’est allié à Microsoft pour faire le concours du meilleur clip anti-pirate, avec pour prix… (peu cher payé ! ) un logiciel Windows-Vista sous cellophane, dédicacé par Bill Gates. La prochaine étape devrait être le passage en bourse.
Riz : la Chine tend un bol à ses voisins
Le cours mondial du riz a triplé en 12 mois (327$/t en avril 2007, 894$t le 23/04 et +2,3% le 23/04).
Les agences mondiales d’aide alimentaire ne trouvent plus à acheter. Inquiet, le PAM (Programme alimentaire mondial) évoque un «tsunami silencieux» sur 100M de vies -déjà des émeutes agitent Egypte, Sénégal, Haiti…
Or, la Chine produit 1/3 du riz de la planète et avec 50Mt, détient 50% des stocks. 6ème exportateur, elle vend peu : 1,32Mt en 2007 (+7%) soit 4% du commerce mondial. La tentation est grande de conserver ses réserves : le monde, les années suivantes, sera-t-il davantage capable de faire face à la demande?
C’est pourquoi en mars, Pékin commençait à pénaliser l’export, annulant le remboursement des 13% de taxe à l’export -tout en la réduisant à 5%. Cependant Yang Hongzhou, Président de la Cofco, gros trader public, annonce (24/04) que l’export au 1er trimestre, a augmenté de 39%, et que des contrats (et donc quotas) supplémentaires sont au four. Certes, l’intérêt commercial de ces ventes à prix d’or, d’un riz souvent vieux et de qualité moyenne, a pu aider. Mais la décision est avant tout politique : la chance de rendre les voisins redevables, tout en évitant des émeutes hors frontières. Mais l’alarme est lancée: bientôt, la Chine va devoir envisager
[1] d’accélérer l’exploitation d’un riz OGM miracle, et
[2] de remettre en cause son programme de distillation du grain en éthanol, où elle a fort investi.
Sommaire N° 15