Dans le combat entre la grippe aviaire et l’humanité, on observe sur le terrain chinois un « progrès » dans chaque camp.
En décembre 2007, dans le Jiangsu, un homme de 24 ans et son père de 52 ans avaient contracté le virus H5N1: le jeune (employé dans un marché de volaille) était décédé. Soigné aux antiviraux et à un vaccin expérimental, le père avait réchappé. Vite, le centre épidémiologique national CCDC (China’s Centre for Disease Control) avait soupçonné un cas très rare de contamination directe du père par le fils. En l’occurrence, c’était aussi un des 1ers cas où les autorités sanitaires communiquaient en temps réel avec les instances de l’OMS (l’Organisation mondiale de la santé).
Le 8/04, le CCDC confirme la transmission d’humain à humain : une 1ère en Chine- qui enregistre 29 cas déclarés de grippe aviaire dont 19 morts (au monde, ces chiffres sont de 379, et 239 décès). Le virus cherche la faille dans la cuirasse de l’espèce humaine. Or, l’autorité chinoise, soutenue par l’OMS et la revue spécialisée The Lancet, conclut à une victoire sans lendemain du H5N1 : du fils au père, il n’a pas muté, et d’autre part, la transmission est restée limitée, 91 autres personnes en contact du fils malade, ayant été épargnées. Sous réserve d’inventaire, cette infection malheureuse n’est donc pas significative.
Pas question, pour autant, de baisser la garde—d’autant que le fléau avance toujours, dans les élevages : la dernière épizootie, 6ème de l’année, vient d’avoir lieu à Zhuba (Tibet) – les procédures d’urgence ont été lancées. Aussi, sans attendre,
[1] Pékin a approuvé un vaccin co-développé par le laboratoire local Sinovac-Biotech et le CCDC, à partir de souches prélevées au Vietnam -de nombreux laboratoires à travers le monde, dont un vietnamien et GlaxoSmithkline sont dans cette course. Sinovac a aussi reçu la licence de production massive.
[2] Ministère de la santé et OMS lancent un projet triennal mixte dirigé par Zhao Yuechao, doté de 1,5M$, pour réduire en Chine l’impact du changement climatique. A l’ordre du jour : renforcer le bouclier de surveillance et de contrôle des éléments pathogènes, promouvoir l’économie d’une eau toujours plus rare, renforcer les réactions aux catastrophes naturelles et leur alerte anticipée. 4 villes-pilotes, surtout dans l’Ouest, sont en cours de sélection.
[3] Enfin l’autre nouvelle menace n’est pas oubliée, celle du SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère) qui avait causé la perte de 800 vies en 2003 entre Asie et Amérique. Au terme d’une campagne quadriennale sino-allemande dotée de 2M², les savants menés par les professeurs Rolf Hilgenfeld et Jiang Hualiang ont annoncé la découverte de cinq éléments efficaces contre le virus, susceptibles d’entrer dans la composition d’un futur vaccin.
Sommaire N° 13