Au Centre-Ouest, la Chine vit une vague d’incidents. Surtout au Tibet et au Xinjiang -ses traditionnelles zones de turbulence:
[1] Le 5/03 à Xi’an, 12 membres d’un tour operator australien sont kidnappés (cf VdlC n°9), puis le ravisseur abattu sans avoir pu être interrogé.
[2] Le 7/03, à bord du vol CZ 6901 Urumqi-Pékin, une Ouïghoure de 19 ans aurait été maîtrisée avant d’avoir pu incendier l’appareil – dérouté sur Lanzhou : Pékin qualifie la tentative d’acte terroriste.
[3] Le 9/03 à l’ANP, Wang Lequan, secrétaire du Parti au Xinjiang, précise que les 2 séparatistes abattus à Urumqi le 27/01 (et les 15 arrêtés) appartenaient à l’ETIM, groupuscule classé terroriste par l’ONU. Armes, explosifs et pamphlets intégristes auraient été saisis : « ils préparaient un attentat contre les Jeux ». Nul doute, mais nulle preuve non plus. Depuis les USA, l’opposante Rebyia Khadeer dénonce la «fabrication ». Dès le lendemain, le pouvoir se bornait à assurer que «la sécurité des JO est en main. Tandis que Steve Vickers, et la SIA (USA), experts mondiaux de l’antiterrorisme assurent : la Chine ne fait face, pour « ses » Jeux, qu’à un risque faible. Son investissement sécuritaire lourd (300M$, entre autres en équipements high tech importés, scanners, optique à reconnaissance faciale), aurait pour 1er but de museler tout appel de la base à plus de démocratie.
Les incidents au Tibet eux, ne posent hélas aucun doute. Du 10 au 14/03, pour la 1ère fois depuis 1987, des manifs anti-chinoises sont réapparues à Lhassa, puis se sont diffusées comme traînées de poudre à travers le Toit du monde, jusqu’au Gansu et au Qinghai. Immédiatement, l’armée et la police sont apparues dépassées. Le 14/03, quelques milliers de Tibétains ont marché dans Xiahe, brandissant le drapeau tibétain (interdit) du soleil jaune. Tandis qu’à Lhassa, des milliers insurgés ont pris le contrôle du centre, brûlant les boutiques chinoises, frappant ou tuant les habitants Han. Pékin admet 10 morts, mais les insurgés en annoncent « 100 ou plus ». Pékin a lancé un ultimatum, leur donnant jusqu’à lundi pour se rendre. Pékin fait porter l’entière responsabilité du dérapage sur le Dalaï Lama, lequel a appelé les Tibétains à refuser la violence.
NB : Sur le fond, au Xinjiang, comme au Tibet, on assiste à un gâchis d’opportunités. 20 années d’efforts en MM$ pour désenclaver ces régions minoritaires, enrichir et réconcilier, n’ont pu empêcher un réveil des crispations identitaires. Ici, l’imminence des JO et l’influence extérieure jouent évidemment leur rôle. Mais la Chine paie aussi au prix fort le refus de normalisation, et de faire des concessions. Les conséquences de ce dérapage très grave, sont encore incalculables, concernant les Jeux Olympiques – mais il faut reconnaître que face à ce coup imprévu qui l’atteint, la Chine, pour l’heure, fait preuve d’une grande prudence.
Sommaire N° 10