A la loupe : Wolf, la plus chinoise des lingeries françaises

Avec son bureau de 30 actifs à Kowloon, Wolf-Lingerie prouve que Hong Kong conserve son rôle d’interface entre Chine et Occident : savoir-faire et investissements peuvent atterrir en toute sécurité en Chine, avec le soutien des services et des lois du Rocher.

Fondé en 1947, le groupe strasbourgeois vient de fêter son 60. anniversaire, en rachetant Innée, réseau de 15 boutiques de luxe entre Pékin, Shanghai et Canton, créé peu d’années plus tôt par Fargo, PME française de la Région administrative spéciale.

Au début des années 2000, Wolf avait investi 5M² dans une usine sur 20.000m² à Dongguan (Canton), employant 1000 cousettes. Ce centre peut produire 12M de culottes et soutien-gorge /an, de qualité moyenne à haute (jusqu’à 60² au détail). En France-même, Wolf maintient 140 actifs en son centre de la Wantzenau. La moitié du design, et la distribution internationale se font depuis Hong Kong. La clientèle de Hong Kong, l’Australie, la Corée, l’Amérique latine et (dernièrement) les USA, monte doucement, assurant désormais 30% des commandes. Une autre usine existe en Indonésie, en joint-venture.

« Même pour notre marché français, explique Terry Rodderick, le manager australien, Hong Kong nous aide : nous avons en France 48 marques, le plus grand nombre au monde. Grâce aux foires de HK et Shanghai, nous avons l’accès le plus rapide aux nouvelles machines et aux textiles. Encore pour quelques années, la France reste leader sur le design. Mais pour la production, c’est ici que ça se passe ». Sur ce produit culturellement très connoté, l’origine française est un atout évident : « en Chine, ca commence juste, mais il y a un énorme marché à prendre ». Rémi Wolf, patron du groupe (fils du fondateur) en est si conscient qu’il prépare en Chine, sous 18 mois, une autre usine au même nombre d’employées.

Mais en ce pays champion du monde du piratage, et détenteur de milliers de PME ou groupes de lingerie, comment protéger ses modèles? Le choix d’une usine propriétaire plutôt que de commander à façon est une 1ère défense – car ainsi, Wolf contrôle toutes ses étapes de production. Une autre, est l’achat des accessoires et tissus auprès des meilleures maisons chinoises. Enfin, tout piratage identifié par la firme est suivi d’une plainte en justice, puis de saisies, dans les cas les plus flagrants.

L’écart entre les effectifs sino-hongkongais et en France en dit long sur la stratégie de la firme alsacienne. « Nous étudions en permanence les opportunités de développement en France, dit Wolf, mais aucune d’entre elles ne nous offrent de perspective de retour sur investissement avant 3 ans »… Autrement dit, pour assurer l’avenir, cette ex-PME doit désormais viser une présence mondiale—via-Hong Kong !

 

 

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