La loi du travail, au travail !
Révisée en 2007 après deux ans de lourds débats, la nouvelle loi du travail est rentrée en application au 1er janvier 2008. Elle porte la griffe populiste de Hu Jintao, en corrigeant la politique hyper libérale de son prédécesseur.
Selon les chercheurs de la CASS (l’Académie chinoise des Sciences Sociales), en 15 ans (de 1990 à 2005), les paiements aux travailleurs (salaires + régimes sociaux), en pourcentage du PIB, avaient baissé de 53% à 41%, alors que les Grandes entreprises d’Etat et les nouveaux milliardaires voyaient exploser leurs profits : une frange majoritaire des salariés vivaient dans le précaire, recrutés par des agences-écran, en contrats à durée déterminée, voire sans contrat.
La nouvelle loi bannit ces pratiques, et impose après 10 ans, une prime de départ d’un mois/ an presté. Ce texte comporte malgré tout des faiblesses, tel le fait de confier au syndicat unique (d’une indépendance douteuse, cf Wahaha), le soin des négociations salariales —même si la maison n’a pas de syndicat. Mais c’est des patrons chinois que vient la résistance : le groupe lainier Milo, ainsi, croit qu’elle alourdira ses frais de 8% dès 2008, s’ajoutant à 32% en hausse d’énergie, matière 1ère et autres. La réaction occidentale est résumée par Harley Seydelin, Président de l’AmCham, la Chambre de commerce américaine : « bien sûr, la loi nous rendra la vie plus chère… mais on peut vivre avec, et tout le monde aussi » !
Peine légère pour une « balance »
Yu Zhifei, le flamboyant promoteur du circuit de Formule 1 et Grand Prix de Shanghai, en prend (3/01) pour 4 ans à l’ombre, pour prévarication de 100.000², détournés sous la forme d’une ristourne foncière. Il est aussi frappé d’une amende de 30.000². La peine est légère, sur recommandation du procureur, suite à sa coopération avec la justice, pour lui avoir « révélé des faits inconnus ».
Son témoignage devrait être en effet précieux, car Yu Zhifei devait sa fortune à son amitié avec Chen Weili, fils de Chen Liangyu, ex- « roi » (secrétaire du Parti) de Shanghai, déchu depuis le scandale des 400M² détournés du fonds de pension municipal – dont 100M² sur son compte propre, dit la rumeur. Le procès des Chen va bientôt s’ouvrir.
Fukuda en Chine, Gulf Stream diplomatique
Entre Chine et Japon, le réchauffement s’accélère, avec trois échanges de 1er ministres en 18 mois : Shinzo Abe en octobre 2006, Wen Jiabao en avril 2007, puis Yasuo Fukuda, du 27 au 30 décembre 2007.
Jusqu’en 2006, Junichiro Koizumi, le bouillant 1er ministre nippon choquait l’Empire du Milieu par ses passages au sanctuaire négationniste de Yasukuni. Fukuda, lui, visite Qufu, la ville natale de Confucius, geste remarqué et apprécié en Chine. Il rencontre tous les leaders chinois, renforçant la détente. Certes, aucune décision majeure n’a été prise, mais le dialogue est rouvert, sur tous les grands sujets.
Le Japon s’engage sur la voie de la relecture de son passé fasciste.
Ses grands groupes industriels retiennent des espaces à Binhai, la nouvelle zone éco-financière de Tianjin. Les 1ers ministres veulent au plus vite épurer le contentieux du partage de la Mer de Chine et de son pétrole. En environnement, le Japon veut bien former 10.000 (!!!) experts chinois en économie d’énergie, transférer des technologies, acheter en Chine dès mars pour 15Mt de crédits carbone : face aux pluies acides chinoises, le Japon est aux 1ères loges.
Enfin, un enjeu est implicite : de bons rapports avec Pékin, ouvriront à Tokyo la voie d’un siège permanent au Conseil de Sécurité. Prochaine étape du dégel, fin mars, Hu Jintao, va en visite à Tokyo !
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