Bataille des airs sur Shanghai
En septembre, Singapore Airlines (SIA), avec Temasek, s’entendait avec China Eastern (CEA), de racheter 24% des parts du transporteur shanghaïen déficitaire, pour 920M$.
La tutelle CNAC – China National Aviation Corporation – avait autorisé –Air China, qui détient 12% des parts de China Eastern, n’avait pas désarmé ! Entre temps, Li Jiaxiang, commodore d’Air China, est passé à la tête de la CNAC, sa maison-mère, et milite en force pour convaincre deux-tiers des actionnaires de rejeter le prix convenu (3,8HK$/part). Air China prétend —coup de poker- racheter lui-même les 24% (avec le soutien non démontré de son propre partenaire Cathay Pacitic), à 5HK$.
En face, la SASAC (State-Owned Assets Supervision and Administration Commission), co-propriétaire et tutelle financière des trois grands transporteurs chinois, défend le marché conclu, soutenue en cela par China Eastern…
NB : Bien sûr, l’affaire n’est pas que financière. Autour d’Air China, la CNAC rêve de reconstituer un groupe national d’envergure mondiale, moyennant, entre autres, le rachat de China Eastern. En cas de réussite, il contrôlerait 50% de l’aéroport de Pudong, et les lucratives liaisons Shanghai-Hong Kong, dont il veut, pour l’heure, barrer la route à Singapore Airlines. Apparemment, son veto suffirait à torpiller le deal : réponse, mardi 8/01, à l’assemblée des actionnaires !
SAIC, Nanjing Auto : la fin de la guerre des Rover
Après trois ans de galère, Nanjing Auto (NAC) jette l’éponge, et se vend à SAIC (Shanghai Automobile Industry Co). Rover, son dernier espoir, ne l’a pas sauvé.
Entre 2004 et 2005, lors de la faillite du constructeur britannique, Nanjing Auto avait réussi à « souffler » au rival shanghaïen la marque MG et la chaîne de Longbridge—SAIC n’avait pu obtenir que les licences de Rover 25 et 75, écrémées de leur marque (propriété Ford). En août 2007, NAC avait donc sorti une MG7, et SAIC, son clone de Rover 75 renommé Roewe. Mais de son modèle sport, NAC n’a pu vendre, en Chine, que 3000 unités, et sa tentative de céder jusqu’à la moitié de ses propres parts, n’avait pas abouti. Dès lors, il ne restait qu’un repreneur possible, le redouté SAIC. Action précédée de la fin de sa coopé avec Fiat.
Pour 200M², SAIC reprend (26/12) tous les actifs automobiles de NAC, sous la forme de 5% de ses actions cédées à Yuejin, sa maison-mère, pour 75% des parts de Dong Hua, la JV fondée à l’occasion.
NB : La dépouille de Rover est réunie, sous l’étendard SAIC, qui va pouvoir utiliser Longbridge comme sa plateforme européenne, et relancer une seconde fois MG —cette fois, avec les moyens.
Petit Noël : relance ouatée d’une banque d’Etat
Le 31/12 est une excellente date pour poursuivre le désendettement des banques publiques, dans l’ombre de la trêve des confiseurs, à l’insu des agioteurs.
La CIC, la China Investment Corp. bras investisseur de l’Etat chinois, né 4 mois avant avec 200MM$ de dot, a placé 20MM$ sur la CDB, la banque de développement, banque « politique » destinée à financer des projets publics.
Deux semaines avant, elle avait misé 5MM$ sur Morgan Stanley, dépannant ainsi sérieusement (on ignore à quel prix !) la 2de banque d’affaires américaine qui avouait 9,6MM$ partis en fumées dans l’aventure des subprimes. Ce renflouage de la CDB, suite à une confidence récente de Li Yong, le vice-ministre des finances permet de dévoiler en filigrane, le chèque que la banque de l’agriculture, l’ABC, serait sur le point de recevoir : 47MM$, soit la moitié de ses 100MM$ de prêts irrécupérables.
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