Au jour « J » moins 540, la Chine se lance dans une autre phase de préparatifs des Jeux Olympiques de Pékin 2008, peut-être la plus ardue : celle des bonnes manières.
Elle ambi-tionne rien moins que de gommer en 18 mois les pratiques frustes qui entacheraient la bonne image de la nation, face aux millions de touristes et aux 30.000 journalistes attendus. Ne pas jurer, ni jeter ses mégots ou bouteilles vides à la rue : multipliés à l’approche du Chunjie, les mots d’ordre se déclinent à coups d’affiches et de spots télévisés.
Au 1er plan, la lutte contre le resquillage. Les Chinois sont invités à respecter la queue dans les gares, arrêts de bus et sites touristiques. Une « brigade » bonne maniériste interpelle les fautifs : « Faire la queue est civilisé, être poli est glorieux—pour toi, pour le pays ! ». Chaque 11 du mois, sera jour pédagogique, où le Bureau de développement éthique multipliera les devoirs surveillés de la file indien-ne. Autre front, celui du crachat, que les volontaires découragent à coup de mégaphone, ou taxent 50¥. Shanghai (qui se prépare très à l’avance à son Expo universelle de 2010) fait de même, allant jusqu’à équiper chacun des 45.000 taxis d’un sachet de nécessité, pour ôter toute excuse au passager tenté de se soulager par le fenestron. Insultes et gros mots y sont également pourchassés, accusés d’être fréquentes sources de rixes…
A l’instar du petit peuple, les cadres sont enjoints à bannir lors des JO (et même avant, cf édito!), corruption, beuveries, et amours ancillaires. Une autre police est créée, pour une autre traque: celle des inscriptions en anglais piteux. 6300 panneaux ont déjà été changés…
Enfin, par souci de sécurité, indésirables et «extrémistes» (travailleurs migrants, militants tibétains ou ouïghours) seront tenus à l’écart. Au risque de transformer Pékin en une irréeelle vitrine du régime, ennuyeuse et aseptisée. Mais qu’on ne s’inquiète pas trop : en Chine pas plus qu’ailleurs, la nature humaine, ne se change, ni à coup d’argent ni par décret…
Sommaire N° 7