Pol : Luxe étranger -rare campagne de qualité

Shanghai : capitale des âmes-soeurs diplômées

La Chine, on le sait, va manquer de 30M de filles pour marier ses garçons.

Mais à Shanghai, c’est l’inverse qui prévaut : trop de demoiselles, selon le bureau local des statistiques. 21,4% de la population adulte n’a pas convolé. Au centre ville, la proportion frise les 25%. Par rapport à 2005, ce célibat est en hausse de 1,6% et celui des femmes, de 0,9% de plus que sexe fort. Le record est atteint par les filles diplômées et dotées d’une situation. Les Eve célibataires de niveau BAC+3, par exemple, ont vu leur cohorte augmenter de 7,6% en un an, contre 5,8% aux garçons de même statut. Ce déséquilibre croissant s’explique ainsi, selon Xu Anqi, de l’Académie des Sciences Sociales de Shanghai :

[1] les filles font passer études, diplôme et carrière avant toute chose, perdant ainsi quelques années.

[2] Pour découvrir ensuite que leurs partenaires «laissés sur place» les rejettent au nom de leurs préjugés : le mari doit dépasser son épouse par l’instruction, le métier, le salaire, voire l’âge et la taille. Même ceux ayant réussi préfèreront investir dans une fille plus jeune et sexy.

[3] La prétention des employeurs n’arrange rien, prétendant empêcher les grossesses des employées : pour se faire recruter, les Chinoises doivent souvent s’engager à différer toute union de plusieurs années.

 

Informatique : le « panda » de tous les dangers

   Quatre années après avoir réceptionné de Chine un couple de pandas géants, l’Amérique recevait fin 2006 un clone virtuel moins sympathique : le virus « le plus nocif des 4 derniers mois » selon un centre technique chinois, qui sema la tempête à travers plus d’1M de PC outre-Pacifique et autant en Chine, effaçant les fichiers exécutables et remplaçant leurs icônes par l’image fallacieuse d’un panda débonnaire serrant en ses griffes trois tiges d’encens.

«Panda» savait aussi usurper noms et comptes d’usagers de jeux en ligne et messageries : les hackers retiraient les numéros de compte du populaire logiciel QQ, et les revendaient aux enchères sur e-Bay (la galerie virtuelle) ! Un mois d’enquête à travers 10 provinces a permis à la police de remonter jusqu’à six jeunes, dont Li Jun, 25 ans, de Wuhan (Hubei). Pour un profit de 10.000², il aurait vendu son Panda à 120 clients, leur permettant (par ex.) de paralyser quelques semaines un concurrent. Les six sont sous les verrous — c’est une première policière, qui éclaire le milieu et la manière de penser de ces hackers, contre qui l’Etat commence à réagir !

Les « cerveaux » prennent le large

Selon la CASS (Académie chinoise des Sciences Sociales), plus de 300.000 Chinois surdiplômés travaillent à l’étranger dans des industries de pointe. Ce bilan fait écho aux 50% de lycéens shanghaïens rêvant de devenir américains ou nippons: sur cette société en crise identitaire, l’étranger (USA, Europe, Australie) exerce une fascination irrésistible!

Sur le million émigré en 25 ans, plus de 400.000 sont partis après 2004, soit 150.000  par an. Un tiers ne revient pas, quoique les professionnels formés aux standards occidentaux soient très recherchés en Chine et malgré les incitations de l’Etat. Cependant, remarque Yang Kaizhong, économiste à l’Université de Pékin, la Chine ne perd pas sur tous les tableaux. Ces Chinois d’outre-mer conquièrent pour leur pays de nouveaux marchés : là où 1% de la population est de souche chinoise, les échanges bilatéraux augmentent de 32 à 60 %, langue et contacts de part et d’autre permettant de truster des marchés qui reviendraient sinon à d’autres pays émergents. Les émigrés renvoient aussi au pays un flux d’argent (évalué par l’ONU en juin 2006) à 20MM$/ an.

 

Mal de croissance politique taïwanais

     Avocat de formation, probe, charismatique et jeune (56 ans), Ma Ying-jeou, passait pour le Mr Clean de l’échiquier politique insulaire.

Pour le scrutin de 2008, rien ne semblait devoir arrêter la course de cet ex-ministre de la justice, face à l’usure précoce du DPP (DPP: Parti Démocratique du Progrès) au pouvoir depuis 2000. Mais le 13/02, coup de théâtre : Ma est inculpé, accusé du détournement de 330.000$ sous son mandat de maire de Taipei (1998-2006). Du coup, dans un style bien à lui, Ma démissionne de tous ses mandats y compris celui de Président du KMT (Parti du Kuo Min Tang). Il admet une erreur de manipulation des fonds, mais rejette la faute sur Yu Wen, son adjoint de l’époque. Il annonce aussi sa candidature à la présidentielle, en indépendant.

Pour le KMT, c’est un coup dur, qu’il tente de parer en modifiant ses statuts pour garder quand même son candidat-vedette. Mais le DPP n’a pas, pour autant, de quoi se réjouir : le lendemain, 4 de ses leaders sont en examen, dont son propre président, la vice présidente de la République, le 1er ministre et le maire de Kaohsiung, seconde ville de l’île. C’est une mutation, les deux grandes formations étant aussi malades l’une que l’autre. L’unité du KMT n’ est plus garantie. Et à l’avenir, les électeurs pourraient être tentés de faire confiance aux personnalités plus qu’aux Partis!

 

Les catholiques patriotiques dans la tourmente

     Jia Qinglin, du Comité Permanent, fait le 14/02 ce rappel rare aux associations religieuses : entendre «les demandes» des fidèles.

Chez les catholiques, la demande n°1 est celle de communier avec Benoît XVI. Un geste peut-être inspiré par la révélation (cf VdlC n°6) que 31% des Chinois sont croyants, trois fois l’estimation d’hier. Tout cela agite le catholicisme chinois: le régime serait-il en train de reconsidérer l’utilité de l’Association patriotique Catholique, sa structure de contrôle de cette communauté? Depuis Hong Kong, le cardinal Joseph Zen fait contre l’APC une sortie d’une force inusitée, dénonçant chez elle une « guerre cherchant à détruire l’Eglise »-la récente série de nominations d’évêques sans l’accord papal. Il est déjà clair que la quasi-totalité du clergé chinois s’est rallié au Pape, tout comme les deux tiers des fidèles…

L’APC tente comme elle peut d’enrayer sa perte de terrain, se parant des lauriers de la renaissance de la foi, et promettant de soigner, lors des Jeux Olympiques, les bienheureux athlètes dans sa chapelle au Village olympique… Le père Zhang, « patriote », nie le 16/02 la pratique d’arrestations de catholiques, et évoque de simples « malentendus » avec le Vatican… Dans ce climat tendu, la lettre pastorale promise par Benoit XVI pour Pâques, initiative rarissime, paraît soucier spécialement le haut-clergé d’Etat !

Luxe étranger -rare campagne de qualité

 Dior, Chanel, Armani, Max Mara, Burberry, Polo, Ralph Lauren, marques célèbres, symboles de qualité et de savoir-faire. Hengfang et Siloran, humbles cosmétiques de Shantou (Guangdong). Entre ces deux listes, rien  de commun— sauf que leurs noms se retrouvent à la même affiche en quelques semaines, in-terpellés par l’administration,  en contravention aux normes de qualité.

Mi-janvier, le Bureau de l’Industrie et du Commerce de Shanghai révélait qu’une 40aine d’articles textiles et de chaussures des grandes marques venaient d’échouer à ses tests de qualité, pour cause de teintures acides et nocives, voire d’affichage trompeur : ils seraient retirés, et les griffes, taxées. Le 6/02, les sociétés cantonaises étaient fermées, leurs six lignes de rouges à lèvres interdites : le bureau local de la qualité y avait détecté la présence du colorant Sudan IV, cancérigène.

Un jour plus tard, une autre rafle, pour la même raison, frappait un producteur de piment en poudre à Chongqing (au Sichuan, dont le piment est célèbre). Sur la motivation de cette ardeur soudaine à défendre le consommateur, on en est réduit aux conjectures. Frapper d’abord (légèrement) l’étranger, pour pouvoir ensuite punir le Chinois? Simple brimade ?

En septembre 2006, les produits cosmétiques de luxe SK-II, du groupe P&G  (cf VdlC 31) avaient été victimes d’une campagne similaire, retirés deux mois durant du marché sous un invraisemblable prétexte de mauvaise qualité, puis réintroduits sans un mot d’explication.

 

 

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