[1] Il suffit de regarder par la fenêtre pour constater la dégradation du climat chinois. Le 5/02, on atteignit 16°C, record absolu en 167 ans. Les magnolias de la capitale bourgeonnèrent 30 jours à l’avance. Il fit au Dongbei 4,1°C de trop. Déjà la sécheresse menace.
[2] Shanghai affirme (7/02) qu’elle gagne sa guerre anti-Atlantide, contre sa propre immersion. Dans les années ’60, elle pompait dans ses nappes phréatiques, et s’enfonçait de 10 cm/an. A ce rythme, elle aurait dès 1998 mérité le sobriquet Xiahai (下海, « ville sous la mer »). Cependant les mesures de salut public de l’époque renoncèrent à tout puisage et limitèrent le poids des structures nouvelles en zone sensible. L’affaissement fut donc ramené à 7,5mm, en 2006, et retrouvera une hauteur de 7mm, en 2010. Il est temps : la mer n’est plus qu’à 4m ! Shanghai (20M habitants), affirme avoir assez d’eau, venant de deux sources dont le Yangtzé. Pour 1,6 MM², elle vient de creuser un réservoir de 400Mm3. Assez pour étancher sa soif – tant que les glaciers du Tibet seront là pour alimenter le Yangtzé, soit 35 ans…
[3] Avec un luxe de détails, Caijing, le journal privé des affaires, tire le voile sur une carambouille effarante et sans doute, le record des 10 dernières années: la privatisation de Luneng, grande entreprise d‘Etat du Shandong. En mai 2006, en secret et en toute opacité, 92% de ses parts passèrent à Shouda et Guoyan (groupes privés), à prix très amical, 373M², pour un patrimoine (mine, immobilier, distribution électrique) estimé à 7,4MM² !
Les vrais repreneurs constituent un trou noir. Guoyan et Shouda n’existaient pas trois ans avant. Guoyan (57% de Luneng), est financé par New Times, Fonds d’investissement, mais les trois groupes ensemble, n’a-vaient pas en caisse, les fonds suffisants pour cette transaction—le vrai argent vient d’ailleurs !
Protégé par la province du Shandong, Luneng a prospéré dans le pays, en rachetant mines et centrales à des prix qu’elle imposait, grâce à sa position dominante de distributeur.C’est pour cela que la réforme de l’électricité en Chine (2001) obligea la scission entre producteurs et distributeurs. Mais Luneng fut exempté – le seul groupe. Privilège obtenu, révèle Caijing, en cédant ses parts aux employés pour contourner la loi anti-trust. En 2006, il y échappe une 2de fois, en privatisant, après avoir forcé les employés à rendre leurs parts.
10 ans plus tard, son ex-boss Liu Zhenya, promu patron de Stade Grid le réseau national (1er groupe du pays), fait passer le futur réseau national, à travers les bases ainsi acquises par Luneng.
On voit donc deux victimes (l’Etat, les employés), et deux gagnants – les vendeurs et repreneurs, réels ou prête- noms. Le journal Caijing réclame un audit, et que soit introduit en Chine la pratique de l’appel d’offres sur les marchés publics -pour que l’Etat protège enfin le patrimoine de la nation, des appétits de ses hauts commis. Pour l’instant, Caijing prêche dans le désert…
Sommaire N° 6