A la loupe : La Chine, désert ou oasis des R&D?

Selon l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement économique), l’an passé, dans le domaine de la re-cherche scientifique et du développement technologique, avec 136MM$ et 900.000 chercheurs, la Chine dépassa le Japon (130MM$), se plaçant seconde derrière les Etats-Unis (330 MM$ et 1,35M de chercheurs). Le Bureau de la Propriété intellectuelle (BPI) a traité 573.000 demandes de brevets, 20% de plus qu’en 2005. Parmi les brevets accordés, figurent 58.000 «d’invention» et 3826 «internationaux». Faisant le point le 29/01, la Conférence nationale de Sciences et Technologie vantait cette explosion de Recherche et Développement (R&D) en 2006, soutenue par le vivier des 35M jeunes ingénieurs—moyenne d’âge, 45 ans.

Mais cette avancée est à relativiser. Par rapport au Produit intérieur brut (PIB), la dépense en R&D (+22%) reste loin derrière celle des Européens, Japonais ou Coréens. Les sociétés n’y consacrent que 0,71% de leur chiffre d’affaires (contre 5% aux pays industrialisés). L’effort «chinois» vient en grande part des multinationales, profitant de la modicité salariale et des privilèges fiscaux. La R&D se consacre aux produits de consommation courante, non à la recherche fondamentale. Enfin, 56.6% des brevets d’invention ont été accordés aux étrangers – en fait, 99% des sociétés chinoises  n’ont jamais déposé de brevets.

L’Etat sonne l’alarme. Les banques ont reçu l’ordre d’ouvrir le crédit aux projets technologiques. Une stratégie de la propriété intellectuelle est attendue au 1er semestre 2007, incluant plus de lois, de formation professionnelle et de lutte contre le piratage. Objectif très ambitieux : avant 14 ans, la Chine veut tirer 60% de son PIB de sa puissance scientifique et technique, contre 30% actuellement…

Reste l’obstacle essentiel, résumé par cet internaute : «nous devons nous défaire de la tradition confucéenne de reproduire filialement, à l’infini, les manières de faire de nos parents ». La pression institutionnelle, et un système éducatif rigide favorisant la mémorisation, découragent débat et pensée critique. En quelque sorte, sans pouvoir d’initiative, et liberté du chercheur, point de R&D. Consciente de l’enjeu, mais reculant devant la déchirante révision idéologique à entamer, la Chine tourne autour de cet écueil !

 

 

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