Temps fort : Immobilier—foncier : l’Etat freine toujours plus

Confronté toujours plus au risque de surendettement des particuliers et à la colère des sans-logis, Pékin tente de réduire la spéculation immobilière, en réduisant les liquidités des banques et leurs prêts aux promoteurs. Mais pour ceux-ci lourdement endettés, l’arrêt signifierait la ruine : ils trouvent l’argent frais, en partageant le marché avec l’étranger.

Le 29/1 à Shanghai, Warburg Pincus (USA) acquiert 25% de Shanghai ZK, tandis qu’à Pékin, Road King (HK) porte à 95% sa part du groupe Sunco. De son côté, Hengda (Canton), soutire 900M$ de six géants tels Temasek (Singapour) ou Citigroup. Depuis Hong Kong, Cheung Kong et Hutchison Whampoa, les vaisseaux amiraux du magnat Li Ka-shing misent 355M² sur une résidence de luxe à Shanghai… En 11 mois, l’étranger a placé 210MM$ dans l’immobilier chinois (+24%). Aussi, défiant l’Etat, les ventes foncières galopent, et la hausse des prix du logement reste sévère, dépassant les +10% à Shanghai, les frisant à Pékin, Canton et Shenzhen— la BPdC, la banque centrale, redoute l’effondrement du marché comme au Japon dans les années ’90…

Les campagnes subissent la même razzia foncière, de la part des notables locaux.

Conscient du danger de déstabilisation, l’Etat réagit, et affirme qu’il est en train de gagner la bataille: les émeutes paysannes, dont 50% ont pour origine les expropriations abusives, auraient baissé de 20% (23.000 en 2006). Pour atteindre ce résultat, déclare Chen Xiwen, directeur du bureau de l’agriculture, le régime aurait imposé depuis mi-2005, l’augmentation des compensations aux paysans, l’offre de formations et d’emplois de rechange, la couverture sociale, et l’abolition de la taxe agricole. Il a aussi imposé le principe de la responsabilité personnelle du cadre, en cas de manifestation suite à ce genre de fraude…

 Pour autant, le régime refuse de sacrifier le dogme de la propriété collective du sol. Par idéologie, mais aussi par bon  sens pragmatique: si le droit du sol était déréglementé, les premiers à spolier les fermiers, seraient les cadres. Priorité n°1 du régime, la promotion paysanne est réaffirmée dans le document n°1 du Conseil d’Etat, publié le 29/01. On y apprend la volonté publique d’investir “bien plus” dans les écoles, la santé, les infrastructures rurales en 2007 (après les 5,6MM$ de hausse de 2006), et de tout faire pour enrayer la disparition des terres arables, perdues en érosion ou construction immobilière.

Zhu Lifeng, paysan de 40 ans, vient de gagner un procès qui fera date. La mairie de Yuyao (Zhejiang) l’avait taxé pour ses maisons sans permis, les régularisant ainsi. Puis elle les avait faites abattre, reniant ainsi la transaction. Le verdict est symbolique. Mais c’est une première, donnant raison au petit cultivateur contre le cadre d’ordinaire toujours vainqueur !

 

 

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