Environnement et climat reviennent dans nos colonnes avec une régularité inquiétante. Pour cause : l’ échec flagrant du 10ème Plan (2000-2005) en matière de protection de l’eau, de l’air et de la terre chinoise, force l’Etat à réajuster les objectifs du 11ème. Des grands moyens se préparent dans l’ombre, et devraient apparaître lors du XVII. Congrès d’octobre : cet éditorial tente de les cerner.
Depuis Paris, la Conférence mondiale du réchauffement global (29/1-2/2 ) désigne discrètement la Chine comme un des pays qui souffrira le plus (+1,8° à +4°C en 2100, plus 18 à 59cm de niveau des mers, et fonte des 35.000 glaciers chinois d’ici 2050). Moins de pluies (d’où moins d’agriculture!). Très symptomatiquement, la presse chinoise, sur ordres, censurait largement les conclusions de ce forum de 2500 experts de 130 pays !
Pour sa part, le comité de scientifiques du Conseil d’Etat, dans son rapport 2007 sur la modernisation , confirmait la crise (31/1). Depuis 2004, dit le rapporteur He Chuanqi, le pays est demeuré, en terme d’écologie, au 110ème rang sur 118 nations, et ses émissions de dioxyde ont augmenté de 7% en août 2006, sur 12 mois). Aussi le ton change. Pour inverser la spirale, l’Etat ne peut compter sur ses ONG vertes, (encore frêles, sans soutien politique ni sponsoring), ni sur ses industriels obnubilés par leurs marges, ni sur ses cadres mous ou corrompus : il va jouer des seuls atouts à sa portée : la loi, et la réforme administrative !
Au plan politique, le comité préconise la création d’un ministère de l’énergie (assez fort pour dicter sa loi aux groupes de production électrique), d’un ministère de l’environnement (issu de la SEPA- l‘agence nationale de protection de l‘environnement), et d’une agence de développement régional (pour coordonner et discipliner les projets concurrents des provinces). La publication de cet avis apparaît en réalité comme une préparation de l’opinion publique à des décisions déjà prises. Idem, l’adoption de taxes sur le carburant, et sur l’immobilier semble enclanchée, tout comme l’alourdissement substantiel des amendes aux industriels, en cas de pollution grave.
Au plan réglementaire, de nouvelles dispositions apparaissent. Ainsi désormais, toute nouvelle centrale thermique ne peut être autorisée qu’après fermeture d’ unités périmées : 600 Mw des anciennes centrales con-tre 1000 dans les nouvelles. D’ici 2010, toute centrale de moins de 50Mw devra avoir disparu —d’ici 2020, celles de 100Mw, ainsi que celles consommant 15% de plus que la moyenne nationale. Dès 2010, quelque 8% des capacités, les plus gaspilleuses et polluantes, dev-raient avoir disparu.
En fait, ce nouveau texte doit être lu comme un outil du mécanisme CDM , renforçant le marché des droits d’émission de carbone. Fermetures et ouvertures de centrales apportent une économie de gaz à effets de serre, donc des droits, que la Chine revendra aux firmes des pays ayant souscris au protocole de Kyoto. Avec 208 tels contrats internationaux déjà signés, pour une épargne démontrée de 650M tCO²e, la Chine occupe déjà 40% du marché mondial – ca va continuer !
Sommaire N° 5