Temps fort : N. Sarkozy à l’heure de la rupture

« Ne craignez pas le monde, car il ne vous craint pas  – mais assumez vos responsabilités » – prononcée devant les étudiants de Tsinghua (Qinghua) à Pékin, cette phrase (et d’autres) de N. Sarkozy vibra aux oreilles de millions de Chinois ébahis—jamais sans doute, on ne leur avait parlé en ces termes, depuis l’étranger, langage carré, mi-flatteur, mi-comminatoire.

Ainsi, le détail n’échappa à personne, Sarkozy avait laissé à Paris Rama Yade, sa Secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme. Comme pour se démarquer encore plus de l’Allemagne, et donner de la face à l’hôte.

Dans ce même souci, Sarkozy plaidait pour l’entrée de Pékin, comme de Delhi, au Sommet du G8 en 2008, en tant que partenaires mondiaux incontournables. Mais une fois fournies ces petites politesses, en tête-à-tête, on passa aux négociations, sans état d’âme, avec une Chine sur la défensive et en mal d’alliés. Sarkozy posa ses trois demandes, préparées à l’avance avec USA, Union Européenne, et ONU :

[1] que Pékin aide à calmer la fièvre nucléaire de l’Iran,

[2] qu’elle renonce à son credo intenable d’un refus de toute baisse contraignante de ses émissions de gaz à effet de serre,

[3] qu’elle contribue à une société mondiale harmonieuse, en oeuvrant pour un équilibre équitable entre dollar, Euro, Yen et Yuan, pour en finir avec un préjudice européen de moins en moins toléré (cf p.2).

Loin des projecteurs, avec ses hôtes, Sarkozy ouvrit les dossiers sensibles de groupes, tels Schneider et Danone, pillés par des concurrents profitant d’une justice en leur faveur. En tout cas, le Président français alterna fleurs et muscles, à propos d’environnement notamment. Il offrit la perspective d’un dialogue « vert » euro-chinois, avec financements et transferts de technologie de l’Ouest, dans l’objectif (non endossé par la Chine) d’une division par deux des émissions de gaz à effet de serre pour l’an 2050 ; avec pour corollaire, un effort «immédiat, profond et soutenable ». Mais en cas de refus, il brandit le spectre en Europe, dès « demain », d’une « taxe carbone » aux pays refusant de s’astreindre au but commun…

On voit donc Sarkozy tenter, pour débuter ses relations avec la Chine, une synthèse entre les extrêmes, l’«amitié à tous prix» de J. Chirac, et la rupture d’A. Merkel, au nom des valeurs européennes, et surtout de la distorsion du yuan, évaluée à 25% par JC. Juncker, le Président du conseil « Finance » de l’Union Européenne. Ce que Sarkozy attend, est que la Chine, quasi-grande puissance renonce à des attitudes du passé, mi-révolutionnaire, mi tiers-mondiste. Avec Sarkozy, Hu Jintao signa une «déclaration commune» sur le changement climatique. Mais par rapport à l’effort attendu, on est loin du compte : des temps de bourrasque semblent inévitables !

Autrement dit, la personnalité de Sarkozy, plus sèche et battante, cadre bien avec la fin d’un scénario immuable depuis 15 ans, où l’Europe débonnaire et tolérante fait le dos rond, passant tout à l’allié stratégique chinois !

 

 

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