Temps fort : Guerre anti-corruption —une nouvelle étape chez China Life

On avait découvert au VdlC n°29, Guan Guoliang, le fantasque Président de New China Life, le 4ème assureur chinois, qu’il avait créé en huit ans à la force du poignet (6,1% du marché, 10MM² d’actifs, 1,5MM² de recettes de janvier à juin soit +32%).

Démis il y a 11 mois pour placements de 13MM¥ dont 2,7MM perdus, il vient d’être arrêté. C’est la fin du mythe selon lequel en Chine, l’assurance n’aurait pas eu le temps de faire des mauvaises dettes. Pour sauver New China Life, la CIRC (China Insurance Regulatory Commission) a dû faire dans l’urgence et pomper 160M² sur son fonds de « réassurance », tout en rachetant de force les parts mal acquises par trois sociétés écran.

Ancien fonctionnaire, Guan, génie financier, avait créé New China Life en 1996, et porté aux 1ers rangs nationaux par deux moyens imbattables.

La 1ère était l’immobilier, le secteur plus juteux, alors interdit aux assureurs. Guan d’ailleurs, prétendait ne pas y toucher – et le faisait en sous-main par hommes de pailles.

La 2de était l’assurance étrangère, bloquée aux portes du marché par l’interdiction tutélaire, et qui salivait aux portes. Dès 1996, selon la brillante enquête du journal financier Caijing, Guan signait avec Zurich Financial une entente confiant à son 1er actionnaire (chinois) 10% des parts de New China Life, payées par et pour le compte du groupe suisse, qui légalisait en 1999. Trois autres étrangers, dont Int’l Financial Corporation (bras financier de la Banque Mondiale) et le nippon Meiji prenaient des parts, dont Zurich allait ensuite reprendre une partie, accumulant ainsi 27,5% de New China Life. L’inconvénient de cet arrangement illégal, était qu’il conférait au condottiere chinois tous pouvoirs, hors contrôle des actionnaires comme de la tutelle. Bien d’autres étrangers sont réputés avoir joué à ce feu hasardeux – Goldman Sachs, par exemple. 

L’effet pervers devint intenable en 2004 : Zurich et d’autres actionnaires, tel  Baosteel, le sidérurgiste shanghaïen, tentèrent de reprendre le contrôle du conseil de direction. En vain. Guan, très entouré, se croyait invincible. L’arbitrage, très lent, du Conseil d’Etat puis de la CIRC aboutit à une enquête en septembre 2006, avec les suites que l’on sait.

Pour Zurich Fianncial Corp., le bilan est mitigé : son investissement est sauvé, mais avec pertes, et il a sans doute perdu toute chance de prendre le contrôle de New China Life. C’est pour cela d’ailleurs, qu’il a entretemps créée Zurich Insurance Brokers (Beijing) Ltd, titulaire d’une licence de courtage, sa seconde chance.

Enfin, l’incarcération de Guan, permet à l’Etat de faire passer un message aux provinces et aux princes du régime: la campagne anti-corruption se poursuit, pour l’état de droit et la société harmonieuse, «sans distinction de rang ni favoritisme»!

 

 

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