Le 14/11, tous les indicateurs conjoncturels donnaient des signes de fin de cycle.
[1] L’inflation brute est remontée à 4,5%, le triple d’un an plus tôt. A 6,5%, la hausse de l’IPC d’octobre rejoint son record d’août 2007 et de 1997, poussé par les prix des vivres (+17,6%).
[2] La Banque centrale avoue une masse monétaire supérieure aux prévisions : 39.300MM¥, +18,5% fin septembre.
[3] Maigre fruit d’intenses efforts de l’Etat, la croissance de l’export se calme en octobre, à +22,3% sur 1 an (+0,5% depuis septembre).
[4] L’import rebondit à +9,4% (+25,5% sur 1 an).
La croissance générale baisse de 0,2%, à 11,5% – taux qui reste intenable à long terme…
Mais voici un signe qui ne trompe pas : les matières 1ères sont toutes à la baisse, et la bourse de Shanghai, indécise, récupère le 14/11 les 5% perdus le 12. Au 15/11, ses pertes se résument à 8% depuis début novembre (cf VdlC n°36), dues au malaise d’un marché mondial perturbé par la crise des « subprimes », et par l’action de l’Etat qui semble mettre «toute la gomme» pour résorber la bulle, sans l’éclater. Pour ce faire, il vient d’imposer aux banques une 9ème hausse de leurs réserves, à 13,5% des dépôts (échéance au 26/11). Épongeant ainsi 200MM¥ d’argent frais du marché. Parmi d’autres mesures, figure la hausse importante du gaz le 13/11, que nous annoncions la semaine passée: +35%, soit +0,4¥ /m3.
Faute de savoir la gérer, l’Etat renonce pour l’instant à une taxe de 10% sur les sorties de capital étranger. A la Banque centrale, Guo Jianwei déplore l’« inefficacité » des contrôles sur les comptes capitaux, du fait de l’afflux de fonds spéculatifs pariant sur l’appréciation du yuan. L’essentiel de l’inflation serait imputable à ce petit jeu, lui-même facilité par l’absence de « contrôles transparents et uniformes des entrées et sorties de capitaux ». Absence qui au demeurant, ne saurait durer : plusieurs bases de données se mettent en place, telle celle de l’AQSIQ dès mars (en chinois) puis juin (en anglais), qui tiendra le compte des entrées et sorties de 4000 types de produits, leur qualité, et leur financement !
Une autre plainte s’entend parmi industriels et cadres locaux : la hausse mondiale du pétrole brut, à 100$ le baril, serait un complot pour mettre à genoux l’économie chinoise: la surchauffe serait au fond, pilotée par un « mur d’argent » d’Outre Pacifique. Fondée ou non, cette hantise est renforcée par celle d’un petit peuple à bas budget, frappé par la valse des étiquettes: au Carrefour de Shapingba (Chongqing), une bousculade autour d’une promotion d’huile de table (10/11) causa 3 morts, 31 blessés.
Enfin, le malaise ne frappe pas tout le monde! En octobre, les ventes au détail ont monté de 18%, celles de voitures, de 21% (497.000). Avec ses 150% de gains depuis janvier, la bourse divise la société en 2 classes : les agioteurs, qui s’enrichissent, et les autres – les perdants !
Sommaire N° 37