Editorial : Chine : calme froid

Le tumulte de la rentrée se prolongea loin dans l’automne, sous l’explosion des exports, de la bourse et d’un XVII. Congrès qui nomma un nouveau gouvernement.

Le 28/11 verra à Pékin le sommet économique Euro-chinois suivi -peut-être- d’un traité pour piloter 20 ans de croissance des relations entre nos continents. Pékin accueillera aussi le Président français N. Sarkozy (25-27 /11). Entre ces temps forts, le temps chute de 14°en 48h, entrant dans l’hiver : la Chine reprend haleine, comme pour réfléchir aux petits faits de sa vie ordinaire !

[1] Poursuivant leur stratégie de promotion du paysan, six ministères (dont agriculture, finance) sont las des visites résolument optimistes et mensongères qu’on leur maquille en permanence : ils lancent leurs inspections-surprises conjointes à travers 4 provinces et territoires spécialement suspects de cette pratique. Les leaders lo-caux trouvés fautifs de taxes illégales ou de non gratuité scolaire recevront des amendes, et un délai pour rétablir la situation, faute de compromettre leur carrière.

[2] Lors de ces visites non annoncées, les limiers pourraient découvrir cette taxe juste inventée à Cheng’an (Hebei), vibrant hommage à l’inventivité des ronds de cuir aux champs : la «taxe de pliage des tiges de maïs». Les paysans qui refusent de s’en acquitter, se font frapper. Pourtant la technique permet de récupérer les tiges comme fourrage du bétail, au lieu de les brûler en une fumée qui cause, avec le tabac, 1,28M de morts/an, par maladies chroniques d’obstruction pulmonaire, 1ère cause de décès des campagnards – le 14/11 était la journée mondiale de lutte contre ce mal.

[3] Après les paysans, les citadins : dès 2008, les villes devront à leur tour assumer les frais de 9 ans d’école : ainsi, le principe de l’école gratuite et obligatoire est rétabli – comme avant l’ère de Deng Xiaoping.

[4] Sous la contrainte, deux grandes firmes viennent de renoncer à des pratiques controversées. Pour obtenir le retrait de leurs plaintes, Yahoo! (13/11) a payé un montant non précisé, aux familles de deux internautes en prison par sa faute.

Tandis que Huawei est «convaincu» par le syndicat unique (12/11), de suspendre son plan de «démissions volontaires» de 7000 employés (VdlC 36), par lequel il espérait contourner la nouvelle loi du travail.

[5] Selon un sondage sur 6000 célibataires à Shanghai, ces derniers ne croient plus en eux-mêmes pour trouver l’âme-soeur, et font plutôt confiance, à 90%, aux entremetteurs -voire leurs avatars modernes des clubs de rencontre. Sur les raisons de leur échec, ils évoquent mille causes, parmi lesquelles la pauvreté, le surmenage, la pression des parents. Ce qui frappe l’observateur, en cette circonstance, est le renoncement du jeune à tenter l’aventure, choisir et décider seul de son destin. Échec d’une frange sociale, qui fait remonter en surface une vieille question : cette inaptitude est-elle le fruit du présent socialiste, ou l’héritage du passé confucéen?

On pourrait accuser l’éducation autoritaire, d’avoir mal préparé ces jeunes à leurs vies d’adultes. Toutefois, ailleurs dans le sondage, ces célibataires précisent la raison n°1 du voeu de se marier : pour se confier, communiquer. Ce qui pourrait se révéler, tout bien considéré, un 1er pas vers la démocratie de demain!

 

 

 

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