Face aux répercussions en Chine de la crise des «subprimes», et alors que la bourse reflue semaine passée de 8%, deux leaders réagissent par des « petites phrases » d’une efficacité redoutable :
Le 5/11, Wen Jiabao annonce le report sine die du Hong Kong-express, plan qui avait été publié 10 semaines avant et aurait dû ouvrir aux Chinois l’achat direct de titres en bourse de Hong Kong. Suite à quoi le HKSE (Hong Kong stock exchange) avait monté de 42%, mais après la confidence du 1er ministre, la place perd 5% en 24h. Comme cause du retard, on site la reprise du dossier par un nouveau leader – Li Keqiang, ou Wang Qishan. Mais voilà que la tutelle boursière, la CSRC, ordonne aux courtages préparant des fonds mutuels étrangers (système QDII – Qualified Foreign Institutional Investors), de limiter à 30% la part d’actions Hongkongaises : tout se passe comme si, en fait, Pékin, sentait cette place trop exposée, et la protégeait, en crevant la bulle par anticipation !
Un des signes ayant incité Pékin à réagir, est le soutien massif de Hong Kong pour maintenir sa monnaie dans la bande de fluctuation fixe (peg) avec le US$.
En octobre, pour y parvenir, la ville a dû payer 1,2MM$. Tandis que le ¥, lui, monte depuis 2005 : de 4,3% depuis janvier. Aussi l’argent chinois se rue sur la ville (l’équivalent de 16MM$ depuis l’été, de 50 à 50MM$ d’ici 6 mois). Les insulaires ont doublé en 18 mois leur épargne en ¥, à 28MM¥. A l’inverse, l’import de Chine s’enchérit, causant sur place 1,6% d’inflation en octobre. Déjà se dessine à l’horizon l’extinction du HK$ par le ¥. Des chaînes telles Nike, Marks & Spencer acceptent les 2 monnaies… Dans cette perspective, la manoeuvre de Wen Jiabao ressemble à un coup de frein prudent à une évolution planifiée, mais que l’on veut garder sous contrôle— « man-man lai », pas trop vite !
‚ Comme « étourdiment », Cheng Siwei, vice-Président à l’ANP, le Parlement, dit (6/11) que la Chine va «vendre du dollar», qui fait 70% de ses 1430MM$ de devises, et rééquilibrer ses réserves avec d’autres monnaies. 24h après, le monde entier a réagi sur les marchés, créant entre US$ et ² un écart plus vu depuis 1999 : 1,46$/1². Tandis que le Yuan lui aussi, battait un record, à 7,41/1 (8/11). Ces deux « petites phrases » de Wen et Chen, confirmant la montée en influence de la « monnaie du peuple » : en terme de monnaie désormais, quand la Chine tousse, le monde s’enrhume!
Parmi d’autres actions monétaires en cours, figurent le frein imposé aux 341 fonds mutuels, titulaires de 3300MM¥ (x3,8 depuis janvier). Tandis que la Banque centrale taxe (7/11) 662 banques dont 10 étrangères, pour infraction aux règlements sur le blanchiment d’argent. A noter aussi les 70 banques au noir débusquées, ayant brassé 3MM$. Il s’agit de la surface de l’Iceberg : l’Etat lui-même estime à 30%, la part clandestine du marché des prêts.
Sommaire N° 36