Les congés payés nouveaux sont arrivés
Un an d’ancienneté = 5 jours. Plus de 10 ans = 10 jours, plus de 20 ans = 15 jours : c’est la règle (prochaine) des congés payés, traduction du concept cher à Hu Jintao de politique sociale.
Juste publié (7/11), le projet s’ajoute à l’imminente loi du travail, qui impose le contrat à l’embauche. Sous peine d’amende, le patron paiera ses hommes les jours non prestés, ou bien les «heures supp’ » correspondantes. C’est vrai, deux semaines de congés après 20 ans de maison, c’est peu : mais les masses laborieuses conservent aussi les semaines d’or fériées.
Aux dernières nouvelles, les fêtes nationale du 1er octobre et du Nouvel an lunaire demeurent, le 1er mai est réduit à un long week-end, et trois autres fêtes traditionnelles vont être chômées : celle de la « lumière pure », de la « course des bateaux dragons », et de la « mi-automne ». Dans l’espoir, pas évident, de faire disparaître ces terribles engorgements de centaines de millions de touristes mal servis et épuisés. Dans l’espoir aussi que la fête soit celle de l’homme et non celle du commerce. La Chine rejoint ainsi la France de 1936, et du Front populaire. Même si, dans ce Monopoly du loisir, le cadre sort net vainqueur, et le migrant et le paysan, les plus mal lotis… Mais à travers le monde, la Chine ne sera pas la seule à partager tel diagnostic !
Les ronds dans l’eau de la loi du travail
Applicable au 1er janvier, la loi du travail altère le paysage de l’emploi —pas toujours dans le sens prévu.
Champion national de l’équipement en télécoms, Huawei voit éclater un conflit entre direction et 7000 actifs (10% du personnel) en cours de «démission collective » d’octobre à janvier. Pour l’employé, il y a manoeuvre pour contourner la loi, qui impose « après 10 ans » le passage au contrat à durée indéterminée. Or les 7000 «Huawei» n’ont que 8 ans de maison. Pour la direction, les choses sont moins simples. De 1988 à 1999, années glorieuses, les employés reçurent salaires dorés et stock options. Puis la firme a taillé dans ces douceurs. L’action présente entrerait dans cette logique d’austérité (réponse à une conjoncture difficile), et d’équité pour calmer la rancoeur des nouveaux entrants. Il résoudrait aussi une zone de non-droit, concernant les «ponts» entre filiales et maison-mère. Les 7000 employés ont reçu 100M² de golden handshake, et seront la plupart réengagés «après test d’aptitude». La nouvelle donne correspondrait aussi à une maturation du groupe, dans un sens de « moins de salaire brut, plus de couverture sociale »…
NB : Huawei prend le risque de perdre certains de ses meilleurs actifs. Risque limité toutefois : faute de retrouver sous 6 mois sa place dans la maison, le cadre perdrait ses stock-options. Pour les experts, et l’Etat, la volonté de contourner la loi ne fait aucun doute. Le conflit n’a rien d’un cas isolé : Syndicat unique et Conseil d’Etat prédisent la publication de décrets d’application à la loi, qui feront « payer cher » (sic) la fraude aux contrevenants !
Sommaire N° 36