Suite au vote «primaire» des 2217 délégués, la direction duParti communiste chinois (PCC) a fait élire (les 21 et 22/10) la prochaine équipe de leaders, pour un quinquennat jusqu’en 2012.
Vote sans surprise aucune, d’un Comité Central (CC) de 300 membres, lui-même nommant un Bureau politique (25 membres), lui-même créant le Comité Permanent (CP, 9 membres). Emerge ainsi une liste de 9 hommes, avec à leur tête Hu Jintao (1er Secrétaire, Président de la République, patron de l’armée -APL), Wen Jiabao (Président du Conseil d’Etat, 1er ministre), Wu Bangguo, Jia Qinglin, Li Changchun. Ainsi que Xi Jinping, Li Keqiang, He Guoqiang et Zhou Yongkang.
Les cinq 1ers sont les anciens, qui se sont auto prorogés. Wu, Li et Jia avaient été imposés en 2002 par Jiang Zemin, contre Hu Jintao, à qui il léguait ce terrain miné. Et trois des quatre néophytes sont poussés par Zeng Qinghong vice-Président sortant, ex-bras droit de Jiang. Ayant ainsi placé son écurie, Zeng part de son plein gré : pour mieux jouer depuis les coulisses, dans le rôle où il excelle : celui d’éminence grise.
Mais ce tableau montre aussi chez Hu Jintao, le chemin parcouru depuis 2003, et les difficultés immenses qu’il a dû affronter. A son entrée aux affaires, il sortait de 10 ans d’inaction forcée par Jiang Zemin, et n’avait pu imposer qu’un compagnon: Wen Jiabao. A présent, ayant su enrayer avec brio la crise du SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère) et l’endettement en MM$ des entreprises d’Etat (cf p.3), Hu Jintao parvient à se reconduire dans ses fonctions, et dispose désormais de sa faction au sein du Comité Permanent, l’organe suprême. Il a aussi su imposer ses mots d’ordre, qui sont en Chine la moitié du pouvoir : société harmonieuse (le terme revient 33 fois en son rapport d’exercice), développement scientifique (38 fois), réforme et ouverture (x21) et société de moyenne aisance (x14). Les slogans les plus forts restent ceux « oecuméniques », du nationalisme (socialisme aux couleurs de la Chine, ou sa variante, sinisation du marxisme) x52, et bien sûr de la démocratie (x60).
Par contre, Hu ne gagne pas tout, voyant son propre dauphin Li Keqiang, repoussé au profit de Xi Jinping, l’habile Secrétaire du parti de Shanghai, poussé par Zeng Qinghong, qu’il va remplacer comme Vice Président. Li n’obtient que le prix de consolation : vice 1er, puis1er ministre dans 5 ans.
On l’a deviné : ce nouveau pouvoir comporte non deux, mais trois groupes. Celui de Hu Jintao, le « gang de Shanghai », mouvance qui partage ses fidélités entre Jiang et Zeng (He Guoqiang, Zhou Yongkang). Les hommes restants pencheront tantôt pour l’un, tantôt pour l’autre : Wu Bangguo, Li Changchun, Jia Qinglin et Xi Jinping. A voilure variable, ce groupe-là tient la majorité, et joue l’arbitre : il exprime la majorité silencieuse au Comité Central, genre de directoire qui se méfie des hommes providentiels et ne veut plus d’autre Mao!
NB : sur le plan de la lutte de pouvoir, ce XVII. Congrès reste classique, avec son lot d’intrigues, de camarilla et de retournements opportunistes. La rupture de ce congrès, se trouve au niveau des influences et des politiques, avec l’apparition d’une influence imprévue : la globalisation (cf article colonne de droite) !
Sommaire N° 34