Editorial : XVII Congrès – le grand rendez-vous

Dans un Pékin sous contrôle d’acier s’ouvre  le 15/10,  le XVII. Congrès du Parti communiste chinois : 2147 notables du Parti se rassemblent pour avaliser les mots d’ordre et l’équipe dirigeante du prochain quinquennat, et esquisser celui d’après (2012-2017).

Ce qui frappe, même après 20 ans passés en ce pays, est l’ignorance absolue de tous, sur ce qui va suivre. Sauf sur une rumeur constante : le surprenant retour d’influence de Jiang Zemin, l’ex-homme fort, à grand peine écarté entre 2003 et 2004, après qu’il eût vissé cinq de ses hommes au sommet de l’appareil, autour d’un successeur Hu Jintao, qu’il n’avait pas désigné.

Ce Congrès risque donc d’être moins un forum d’idées qu’une guerre de succession, laquelle n’aura en fait pas cessé depuis 2002. Mais il faut comprendre : 1)  il n’y a plus de lutte idéologique : la dernière (Deng Liqun + Li Xiannian contre Zhao Ziyang + Hu Yaobang) s’acheva en 1986. 2)  D’autre part, la carrière socialiste se gagne par la discipline et fidélité inébranlable au Parti, et l’allégeance à un aîné (rapport clientéliste) – donc, pas par les initiatives ni la créativité. Dans un tel système, on n’a qu’une chance. Lâcher le manche, est l’erreur fatale. La lutte des classes a laissé place à celle des factions, qui structurent ces 2147 édiles.

Basé sur l’intérêt privé, ce concept de faction est tout relatif : il permet alliances et retournements, en fonction du vent- des perspectives de pouvoir du protecteur. D’où l’aspect toujours mystérieux de ces leaders. Tel Zeng Qinghong, le vice Président, hier poulain de Jiang, et que l’on dit à présent sur le départ de son propre gré, tandis que Hu Jintao tente de le retenir, sans lui tenir rigueur du fait qu’il ait barré son protégé Li Keqiang à sa succession en 2012, et lui ait substitué Xi Jinping, un autre personnage mal connu. Malgré ces conflits d’intérêt, Hu Jintao a toujours besoin de Zeng Qinghong, pour sa maîtrise des arcanes de l’appareil, l’irremplaçable «gardien du palais», le faiseur d’alliances.

Le Congrès s’apprête à brasser des thèmes reflétant toutes les angoisses actuelles du régime:

1. La qualité des vivres et leur volume, suite à la pénurie mondiale, imposant une inflation hors contrôle.

2. La pauvreté rurale qui recule dans l’absolu, mais croît face aux villes.

3. La pollution, où peu a été fait en raison de la collusion des industriels (bourgeoisie native) et des cadre -l’incapacité de Pékin à se faire obéir.

4. La reconstruction d’un système de santé ruiné et d’une sécurité sociale très lacunaire.

5. Et la corruption qui fait rage, fruit de l’absence d’une presse et d’une justice libres…

Vu ces poisons sans antidote, peu d’espoir de réforme politique. Hu Jintao n’est pas un joueur : le risque est lourd, et la culture politique du moment ne va pas en ce sens. Au lieu de cette audace manquante,  il faut s’attendre à son ersatz: une campagne contre Taiwan, dont le Président Chen Shui-bian agite le chiffon rouge de la séparation : exutoire commode, mais à court terme, pour une société bloquée dans sa course folle à la croissance non-durable!

 

 

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