Petit Peuple : Coup de pouce des Dieux, ou des hommes ?

A l’école de Flixton (Royaume-Uni), lors d’une fête pluvieuse, le 15/7, 100 ballons avaient été lâchés,  sustentés  d’un  «message in a bottle» portant l’adresse de l’émetteur, un élève. Quiconque le retournerait par poste, recevrait un tour gratuit parmi les lions, phoques et girafes du zoo de Manchester.

Près de deux mois après, le 5/09, quelle ne fut pas la surprise du principal, de recevoir un pli de Chine, contenant les restes de la baudruche, accompagnés d’une lettre dans un anglais cérémonieux et lacunaire. Xie Yufei, ingénieur de 25 ans, déclarait fièrement avait trouvé le ballon dans un arbre, tandis qu’il jouait au basket dans la cour de son institut de dessin industriel.

En Chine, la découverte suscita une perplexité durable. Netease, portail virtuel des plus fréquentés,  posa  la question: tel vol de 10.000km était-il possible  pour un vulgaire ballon rouge ? 26.000 gens se hâtèrent de répondre, dont 46% par l’affirmative. Sur ce chapitre pourtant, la science est catégorique: suivant l’implacable loi de la physique, en altitude, les ballons éclatent, sous l’effet de la dilatation de leur hélium… Invariablement, ce processus réduit leur chance de parcours à quelques km, à quelques dizaines « à tout casser ».

Un météorologue offrit cette supposition créative mais osée: l’échappée du ballon jusqu’au Céleste Empire, aurait eu pour vecteur une ascendante puissante – bulle d’air chaud et stable, à basse pression. Un autre se fendit de la variante romantique: l’aérostat aurait décrit son parcours intercontinental, coincé sous l’aile d’un long courrier.  

Si par légions, des Chinois y allèrent de leur petit commentaire, c’est que l’envoyeur était du genre qu’on n’oubliait pas : Alice, petite anglaise de 4 ans blonde comme les blés, haute comme trois pommes, aux taches de rousseur mouchetant son charmant minois.

Pour les Chinois, l’Angleterre n’est pas un pays comme les autres. Il dispose de son charisme propre, et est très admiré, malgré les –voire à cause des – guerres de l’opium et du sac du Palais d’été. C’est le royaume des ducs et des reines, la terre des «colleges» victoriens et de Harry Potter, et le pays ayant envoyé à l’empereur Qian Long, en 1797, une flotte chargée de ses merveilles technologiques de l’époque, avant de tenter de le coloniser. La lettre de la petite fille éveilla donc de bien vieux souvenirs.

Il faut bien l’avouer : les Chinois réagirent aussi, aiguillonnés par l’intuition nette d’une mystification. L’internaute soupçonne un touriste cantonais anonyme, de passage en Albion, d’avoir trouvé le ballon, et pensé immédiatement à Yufei, à qui il l’aurait rapporté pour le seul plaisir d’une bien belle embrouille.

Il se trouve en effet que Yufei signifie, en langue de Zheng He: «voyageur de l’univers ». Quel nom prédestiné pour ce genre de blague ! Il établit l’existence d’une affinité élective (d’atomes crochus) entre ce garçon chinois et la petite reine du pays des merveilles.

Et il confirme on ne peut mieux le proverbe, « mille li ne séparent pas ceux destinés l’un à l’autre » – 有缘千里来相会, you yuan qian li lai xiang hui !

 

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
9 de Votes
Ecrire un commentaire