En réglementation d’affaires, la Chine passe pour le pays de la souplesse : avec des mythes comme celui du maire de Shanghai en 1991, Zhu Rongji dit « Mr tampon » pour avoir fort allégé le nombre des permis requis pour y ouvrir une firme. Mais la Banque Mondiale, par son étude Doing business 2008 (http://www. doingbusiness.org/ExploreEconomies/?economyid=42) entre 178 pays, arrive à des conclusions plus nuancées, et très variables !
La Banque Mondiale classifie les pays selon 11 chapitres. La Chine y obtient une place honorable en fait de règlement de conflit contractuel (20ème), d’enregistrement de bien (29), de commerce hors frontière (42) ou de clôture de firme (57). D’ailleurs, sous ce chapitre, la Chine a gagné 19 places en un an. Démentant Zhu Rongji, elle reste médiocre en ouverture de sociétés (135ème, perdant 7 places cette année). Elle s’avère plutôt moyenne aux rubriques ‘faire des affaires’ (83ème), ’employer’ (86ème), ‘obtenir du crédit’ (84ème – cette position vient de gagner 10 places par rapport à l’édition 2007), et ‘protéger l’investisseur’ (83ème).
Enfin, les résultats sont franchement désastreux en fait d’ ‘obtention de licence’, où la Chine est « lanterne rouge -3 » (175ème), et calamiteux au chapitre de la taxation (168ème).
Quelques explications : pour ouvrir un entrepôt, la Chine exige 37 permis distincts, qui prennent 336 jours : ces deux chiffres font le double de la moyenne asiatique. Quant au coût (840% du revenu/actif), il fait 6fois la moyenne asiatique, 12 fois celle de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement économique).
Mais pour enregistrer un bien, la Chine est compétitive avec Asie et OCDE en nombre de tampons (4), en durée (29 jours), et elle est la meilleure au chapitre du coût (3,6% de la valeur du bien).
En taxation chinoise, par an, une firme moyenne doit payer 35 fois (27 en Asie, 15 dans l’OCDE), faire plancher un comptable 872h (Asie 271, OCDE 183). La taxe sur le profit est très compétitive (19,9% contre 18,2 et 20%), mais pas celle sur le travail et les « contributions », qui font 46%. Total : la Chine éponge 73,9% des profits, contre 38,5% chez ses voisins et 46,2% en OCDE.
On eût pu s’en douter, la Chine est championne de l’import-export. Moins pour la paperasserie qui est concurrentielle (7 tampons à la Chine, 6,9 à l’Asie, 4,5 à OCDE ), ou sa durée (21 jours en Chine, 24,5 en Asie, 9,8 à l’OCDE), que sur le coût : 390$ (vers les US, par conteneur) contre 885$ à l’Asie et 905$ à l’OCDE. Performances comparables à l’import (430$, contre 1014$ et 996$).
Ainsi, la Chine s’avère en retard en fait de licences et taxation -prix à payer pour sa pléthore de ronds de cuir parfois tatillons et insuffisamment formés- mais capable de faire la différence, par volonté politique, là où il lui importe : le commerce extérieur !
Sommaire N° 33