Joint-venture : Pékin Terminal 3 – le grand chambardement

Pékin-Terminal 3, le grand chambardement

     Présenté à la presse le 12/9 à cinq mois de son ouverture, le Terminal 3 de l’aéroport de Pékin force l’admiration: les autorités se sont données les moyens d’un sans faute.

Ses 99ha, plus que les cinq terminaux de Heathrow réunis, porteront la capacité de Pékin à 43M de passagers/an, et 60M cinq ans plus tard. Son concept très fonctionnel, permettra de ranger jusqu’à 125 avions à l’heure, de part et d’autre d’un corps évoquant les lignes d’un dragon mythique. L’ouvrage signé Norman Foster (RU) aura coûté 2,1MM², et épargné jusqu’à la moitié du coût qu’il aurait causé dans un milieu européen. Moyennant l’injection de 50.000 manoeuvres sur les trois bâtiments, ce mammouth n’aura pris que 42 mois à bâtir, et installer 445 ascenseurs, convoyeurs, escalators, et un système pour traiter 20.000 valises à l’heure…

Il y aura donc beaucoup d’espace, sous des torrents de lumière naturelle et un toit splendide asymétrique, supporté par des colonnes rouges—rappel obligatoire à la Cité Interdite. Seul regret, à cette réalisation de prestige : les 10.000 habitants expropriés pour une bouchée de pain, sans avoir eu le temps de s’en apercevoir !

Alcoa et Buffett jettent l’éponge chinoise

     Atypiques, ces reventes d’actifs chinois par Alcoa, n°2 mondial de l’aluminium (US) et Warren Buffett. Le premier cède les 7% qu’il possédait de Chalco, son homologue chinois. Le second réalise ses 136M$ de parts CNPC, le 1er pétrolier du pays.

On avait bien vu avant l’été, Aéroports de Paris – ADP revendre ses 10% de parts chez son partenaire l’aéroport de Pékin. Mais ces cas mis à part, la quasi-totalité des détenteurs de valeurs chinoises se les gardent. Les titres chinois, ces temps-ci, sont introuvables. Sans compter qu’Alcoa et Berkshire Hathaway (le célèbre fonds de Buffett) auront bien du mal à se faire accepter comme investisseurs de valeurs chinoises à l’avenir.

Ces ventes ont deux raisons. Les maisons américaines ont perçu une forte plus-value,  jusqu’à +50% : Alcoa a gagné 2MM$. D’autre part, Alcoa, qui vient de « rater » la reprise « hostile » du canadien Alcan, serait déçu du partenaire chinois, ayant vu s’effriter ses espoirs d’investir ensemble, ou de grignoter une part plus grande dans son capital.                                                                                                                                                                

NB: Pour les agioteurs, le signal de « vendre les parts chinoises » ne peut venir d’un étranger déçu. Tel signal serait bien plus suivi, s’il venait des grands capitalistes Hongkongais, très introduits et qui «connaissent la musique», comme Li Ka-shing !

Pékin renvoie l’ascenseur à Blackstone

      En juin 2007, en pleine gestation, la China Invest Co. faisait une entrée en fanfare dans le monde des affaires, déboursant 3MM$ pour 9,4% du capital du groupe Blackstone, Cie d’investissement new yorkaise. L’opération faisait par la suite lever les sourcils, car dans les mois suivants, ce placement perdait 750M$ au bas mot. L’investisseur public pourtant, ne bronchait pas — et pour cause !

Le 10/09, Blackstone annonce à son tour, son entrée pour environ 600M$ dans le groupe chimique pékinois Bluestar, dont il prend 20%. Filiale de la corporation chimique nationale, la CNCC,  Bluestar a été l’an passé parmi les plus actives à investir hors du pays, en Europe notamment, où elle a repris une filiale textile de Courtaulds à Grimsby (RU), en France où elle s’est adjugée Adisseo, firme d’additifs d’aliments du bétail, et la division silicones de Rhodia.

Sous l’angle réglementaire, cette entrée dans Bluestar frappe, alors que la Chine semble en train de restreindre les acquisitions étrangères – J.Wuttke, Président de la Chambre de commerce européenne sonne l’alarme cette semaine. Mais Blackstone a bien joué en s’assurant dans cette affaire, les services d’Anthony Leung, ex-Secrétaire Hongkongais aux finances, connu et apprécié à Pékin.

D’autre part, en entrant dans Blackstone, la Chine a initié une coopération à long terme et accepte logiquement cet investissement croisé «black & blue»  : désormais, lui reviennent 10% des profits de Blackstone, «partie de la famille» !

 

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
8 de Votes
Ecrire un commentaire